top of page

BRETAGNE: LA GOUFFRE ET TRÉGUIER

La Bretagne, cette magnifique région de France. Épris d'elle, mon fils cadet Vlad et moi avons entrepris en 2019 un voyage à vélo sur une partie de sa côte afin d'en découvrir quelques-uns de ses plus merveilleux sites. Parmi eux: le site mythique du Gouffre du Plougrescant, un ensemble de rochers imposants séparés par une grande crevasse.

Nous sommes partis de la ville du Paimpol, située dans le sud du département des Côtes-d'Armor. Par chance, la route nous a tout d'abord menés à la découverte de la ville de Tréguier, un autre site magnifique de Bretagne. De 542 jusqu'à la Révolution française, cette ville a été un siège épiscopal particulièrement important pour la région. C'est ainsi que Treguier est considérée aujourd'hui comme l'une des sept places fondatrices de la Bretagne.

Qui rit en dernier, rit le mieux

Nous sommes donc partis le matin en suivant la veloroute en direction de Plougrescant. Les premiers kilomètres se font sur le béton. À un moment, deux hommes à vélo de ville nous ont dépassés et se sont moqués de nos vélos tout-terrain et de notre remorque. Plus tard, la route asphaltée a laissé place à un chemin de terre, parfois en bon état, mais parfois accidenté.

Et la roue de la fortune a tourné en notre faveur. Quelques kilomètres plus loin, nous nous sommes retrouvés avec eux en détresse: un vélo tombé en panne avec une roue cassée. Cette fois, ils n'ont pas eu d'autre choix que de nous complimenter en disant que nous avions été malins avec nos VTT. Pendant qu'ils sont obligés à continuer à pied, nous avons continué notre route à vélo vers ville du Tréguier. Nous allions y entrer par le pont, un impressionnant ouvrage d'art.

Le pont Canada

Ce pont enjambe l’estuaire du Jaudy. Avant la construction du premier pont, trois bacs assuraient la traversée. Le premier a été cité sous le nom de « bac de Scaff an milin » en 1551, puis sous le nom de « bac du Canada » à partir de 1691. C'est ainsi que le pont a acquis son nom.

Le pont actuel est en fait le troisième à porter ce nom. Le premier a été mis en service en 1834: un pont suspendu de type «fil de fer», le premier de ce type en Bretagne. Il était composé d'une travée suspendue de 100 m de long, encadrée par deux arches en maçonnerie. En 1886, il est remplacé par un pont en poutre en treillis doté d'une travée mobile sur la rive gauche (côté Tréguier), afin de permettre la navigation jusqu'au port de La Roche-Derrien en amont. Il sera remplacé par l’actuel en 1954, qui reprend certains éléments de ses prédécesseurs. La ville commence immédiatement après le pont.


La ville du Tréguier

Le lieu entre dans l'histoire et la légende vers 532-535 avec le moine gallois Tugdual. Il y a fondé un monastère dénommé Lan Trécor en breton. Ce nom est ensuite devenu «Landreger», qui est le nom breton de la ville. La version française, Landreguer, n'apparaît qu'en 1330 et devient plus tard Tréguier. En dépit de notre hâte de découvrir la ville, la faim a pris le dessus et nous devions d'abord nous nourrir.

Restauration à la Bretagne

Le midi venu, nous nous sommes rendus dans une crêperie pour y déguster des plats typiques bretons à base de galettes, qui peuvent être salées ou sucrées. À gauche, une galette à base de farine de sarrasin: un régal pour les yeux et les papilles, offrant un contraste agréable entre sa texture croustillante et les saveurs du fromage, de l'œuf et du jambon. À droite, une crêpe dorée comme le soleil qui brille au-dessus de la mer, avec de la glace, car la chaleur de l’été y oblige.

L'ingrédient secret se trouve en bas de la photo. C’est lui qui fait des plats bretons les meilleurs du monde, une véritable «potion magique».


Les rues du Tréguier

Par la suite, renforcés et énergisés par ce repas, nous partons à la découverte du Treguiér historique à travers ses rues et ruelles, ainsi que ses maisons aux poutres décoratives en bois, qui se trouvent principalement à l'extérieur et ont plutôt une fonction esthétique. En réalité, les constructions sont en pierre et extrêmement solides pour résister aux vents et aux tempêtes particulièrement violents à cause de la proximité avec la mer.

Notons l'étroitesse des rues, conçues avant la généralisation de l'usage de la voiture. Nous avançons à pied, marchant à côté de nos vélos pour mieux observer les détails des constructions. Les gens que nous rencontrons nous sourient et nous conseillent de nous rendre au centre-ville pour découvrir la cathédrale et les autres édifices qui s'y trouvent.


La cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier

Nommé évêque en 542, le moins gallois Tugdual est aujourd'hui vénéré comme l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne. Nous l'avons vu représenté à l'intérieur de la cathédrale, à gauche, aux côtés de l'image du Saint Yves et du tombeau du duc Jean V de Bretagne.

Une première cathédrale de style roman y a été construite, dans laquelle Yves de Tréguier officie vers la deuxième moitié du XIII^e siècle. Il a été canonisé comme saint Yves le 19 mai 1347 et est devenu le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle d’avocat. Il est également le saint patron de la Bretagne. La tour Hastings est le seul élément de la première cathédrale qui soit encore debout aujourd'hui. Elle est incorporée dans la cathédrale actuelle.

Après mort du Saint Yves, un culte se développe rapidement autour de sa tombe, si bien que l'ancienne cathédrale romane devient trop étroite. Une nouvelle église, cette fois de style gotique, fut construite à partir de 1339. C'est cette dernière que l'on voit et admire aujourd'hui.

À l'intérieur, on peut admirer de nombreuses images, des reliques, des chapelles, des vitraux et tous les autres éléments spécifiques qui émerveillent les yeux et remplissent l'âme de quiétude et de paix intérieure. C'est un lieu saint et, dans le silence assourdissant, on peut facilement percevoir la présence de Dieu et des saints.

Une telle cathédrale est un lieu où l'on peut passer des heures et des heures, mais nous avons dû partir sous peu. Il nous restait encore beaucoup de route à faire.


Google Maps se trompe

Il n’y avait pas de véloroute jusqu’à Plougrescant. Nous lui avons donc demandé de nous indiquer une route adaptée aux vélos, et il nous a menés droit ....dans la mer. Il a sans doute cru que tant que nos vélos avaient des pédales, nous pouvions faire les pédalos aussi.

Pour la suite, nous avons dû emprunter la route des voitures. Cela a beaucoup amusé Vlad qui a ri en disant que lui est un VL, tandis que papa, qui tirait la remorque, est un PL.


Camping du Gouffre

Une fois arrivés devant le camping, nous avons appris que le site était complet. Pour trouver une solution de repli, nous sommes allés à l'accueil pour demander l'adresse de quelqu'un qui pourrait nous prêter un bout de terrain pour monter notre tente.

Après avoir appris que nous souhaitions parcourir les côtes bretonnes à vélo, la patronne nous a informés qu'il était hors de question que nous partions ailleurs. Elle nous a donc «logés» sur l’emplacement d'amis à elle. Eux aussi Bretons, ils ont été ravis de notre compagnie et ont écouté avec plaisir nos récits de sites bretons déjà visités. Et de ceux que nous allions découvrir prochainement: Castel Meur, le Gouffre du Plougrescant et la Côte de Granit Rose.


Castel Meur

C'est le nom officiel de la petite maison située entre deux rochers, tout près du Gouffre de Plougrescant. Elle a également plusieurs surnoms, dont notre préféré: «la Maison du Gouffre». Tournant le dos à la mer, elle représente le Gouffre de Plougrescant à l'instar des énormes blocs de granit avoisinants.

Construite par un breton en 1861, la maison est restée toujours en propriété privée et elle n'est donc jamais ouverte aux visiteurs. Ceux-ci doivent se contenter de l'admirer de loin. À noter que seuls les propriétaires et leurs invités ont le droit de pénétrer dans la zone avec des véhicules ou à vélo. Les autres visiteurs doivent donc laisser leurs véhicules et vélos au parking et s'y rendre à pied.


Le Gouffre du Plougrescant et les autres gouffres

Il y a le Gouffre, une grande faille entre deux rochers d’une hauteur vertigineuse. Elle est également surnomée «le gouffre de la baie de l’enfer», en raison du spectacle qu'elle offre lors des tempêtes. Formé il y a plusieurs millions d’années grâce à une intense activité magmatique, le site a ensuite été longuement sculpté par l’érosion, principalement par la mer.

Et il y a les gouffres qu’on découvre en se promenant par là. Certes, les autres sont moins spectaculaires que La Gouffre, mais l'expérience de les observer de plus près, voire de caresser leurs roches, est spéciale.

Bon, disons la vérité: le plus impressionnant reste de grimper sur des rochers.


Grimper au Gouffre

Qu'il soit clair: grimper sur les rochers et les blocs rocheux du Gouffre est fortement déconseillé, même s'il n'est pas formellement interdit. Mais empêcher Vlad d’y grimper est une tâche que même Dieu rechignerait à accomplir. Bien sûr que moi, je n'ai même pas essayé.

D'autant que j'ai pris plaisir à l'accompagner lors de quelques escalades. Plus tard, j'ai essayé de le distraire en lui proposant une petite randonnée qui nous éloignerait des rochers du Gouffre.


Pointe du Château

Notre promenade nous a finalement portés quelques centaines de mètres plus loin, où nous avons découvert la Pointe du Château, un immense bloc rocheux. Vlad n’a bien sûr pas hésité une seconde à l'escalader.

Une fois que Vlad est descendu de là-haut, nous partons à la découverte d'autres sites magnifiques de la merveilleuse Bretagne. Mais pas avant d'avoir pris un engagement ferme d'y revenir.


Quatre ans plus tard

Promesse tenue: début mai 2023, nous y revenons, cette fois accompagnés de Radu, le grand frère de Vlad. Moi et Vlad avons retrouvé ce site magnifique avec beaucoup d'émotions et de joie. Radu l'a découvert à nos côtés et lui aussi est tombé sous son charme indéniable.

Il va de soi qu'ils se mettent alors à escalader les rochers en duo, dans une atmosphère fraternelle. Parfois, c'était Radu qui allait en tête, fort de ses années d'escalade, et parfois c'était Vlad, grâce à sa connaissance des lieux.

Et qu'en était-il de moi? Je les suivais et les photographiais. Pour que nous nous rappelions toujours ces moments magiques passés dans ce lieu magnifique. D'autant plus que, dans le futur, Radu et Vlad y reviendront avec leurs enfants. Qui, comme leurs pères, voudront bien sur grimper les rochers. Et moi, je serai là pour raconter aux enfants les aventures de leurs papas. Par la suite, je les prendrai en photo sur ces mêmes rochers.

L’aventure continue

En 2019 comme en 2023, nous avons dû partir au bout de quelques heures. Nous étions un peu tristes d'avoir laissé derrière nous de tels joyaux rocheux, mais pas trop… car nous nous dirigeons vers d'autres sites de la Côte de Granit Rose.


Comments


bottom of page