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FASCISME ET COMMUNISME: ANALYSE COMPARATIVE DES HORREURS TOTALITAIRES

Récemment, j'ai eu plusieurs discussions avec mes élèves de Première, de mon lycée (à Auckland, en Nouvelle-Zélande, classe Cambridge History), sur les comparaisons entre les horreurs du fascisme et du communisme. Certains m'ont demandé: «Qui était le pire, Hitler (représentant le «fascisme») ou Staline (représentant le «communisme»)?». La réponse à cette question ne peut évidemment pas être simple, car les deux régimes totalitaires ont historiquement causé la souffrance et la mort de millions de personnes. Tous deux ont utilisé la violence de manière systématique, mais leurs objectifs et leurs justifications étaient différents. Pour tenter d'y répondre, il est essentiel de consulter des ouvrages de référence qui fournissent une compréhension complète et équilibrée des deux régimes et de leurs idéologies respectives. Dans ce sens, je vous conseille de commencer par une analyse comparative détaillée des régimes d'Adolf Hitler et de Joseph Staline, pour laquelle je vous invite à consulter les volumes proposés dans l'article.

D'un point de vue historique, les deux régimes totalitaires ont tué des millions de personnes au nom d'idéologies radicales. Bien qu'ils présentent des similitudes en matière de terreur d'État, de propagande et de destruction de l'opposition, leurs objectifs et leurs justifications diffèrent considérablement. 


Les objectifs et les justifications: les différences

La compréhension de ces nuances est essentielle pour mener une analyse historique rigoureuse. L'analyse des concepts idéologiques et de leurs mécanismes de fonctionnement est un aspect fondamental de l'étude de ces régimes. Hannah Arendt, dans sa trilogie «Les Origines du totalitarisme» (Editions du Seuil, 1972, 1973 et 1982), affirme que le nazisme et le communisme stalinien ont utilisé des mécanismes de contrôle similaires: la propagande, la répression systématique et l'élimination de l'opposition. De même, Stéphane Courtois et collectif  dans «Le Livre noir du communisme» (Editions Robert Laffont ,1997) souligne l'ampleur de la répression soviétique, en la comparant aux atrocités nazies. Richard J. Evans, dans sa trilogie «Le Troisième Reich, 1939-1945» (Flammarion, 2009), met en garde contre les assimilations simplistes, estimant que les objectifs idéologiques des deux régimes doivent être analysés séparément.


L'antithèse fascisme-communisme

Le fascisme, en particulier sous sa forme «nazie», se caractérisait par l'expansionnisme et le génocide racial, tandis que le communisme justifiait la répression par un idéal universaliste. Dans «Terres de sang: L’Europe entre Hitler et Staline» (Gallimard, 2019), Timothy Snyder explore les régions où les deux régimes se chevauchent géographiquement, en soulignant les politiques d'extermination de masse qu'ils ont menées. L'Holocauste était une campagne d'annihilation raciale systématiquement planifiée, tandis que l'Holodomor et les déportations soviétiques étaient des actes de violence politique destinés à éliminer des groupes sociaux perçus comme une menace. François Furet, dans «Le Passé d'une illusion» (Editeur Calmann-Lévy / Robert Laffont, 1995), note que si le nazisme a été catégoriquement rejeté après 1945, le communisme a réussi à maintenir une certaine légitimité idéologique. Une comparaison entre Hitler et Staline doit prendre en compte l'analyse d'historiens reconnus qui ont étudié les idéologies, les pratiques de gouvernement et les mécanismes répressifs des deux régimes. Arendt souligne que tous deux visaient à liquider les structures politiques traditionnelles et à consolider un appareil bureaucratique répressif, en créant des ennemis absolus: les Juifs pour Hitler, les «ennemis du peuple» pour Staline. Le nazisme visait toutefois une destruction finale et absolue des «éléments indésirables», tandis que le stalinisme appliquait la terreur de manière cyclique, en l'adaptant aux besoins de la politique intérieure.


Le rôle clé de l'idéologie

L'idéologie joue en effet un rôle crucial dans la différenciation des deux régimes. Dans son ouvrage «The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia» (2004, pas traduit en français), Richard Overy montre qu'Hitler a fondé son régime sur le mythe racial et le darwinisme social, justifiant ainsi l'agression extérieure et le génocide dans le cadre d'une vision biologique de l'histoire. Staline, en revanche, a fait du marxisme-léninisme un instrument de pouvoir personnel, utilisant les purges pour consolider son emprise interne. Overy souligne que si le nazisme visait une reconfiguration radicale de l'ordre mondial par la guerre et l'extermination, le stalinisme cherchait à étendre l'influence soviétique par le biais de l'Internationale communiste et de l'exportation de la révolution. La dynamique du pouvoir diffère également entre les deux régimes. Ian Kershaw introduit le concept d'«autorité chaotique» dans l'Allemagne nazie dans son ouvrage «Qu’est-ce que le nazisme?» (Gallimard, 1997). Il y montre qu'Hitler n'était pas un administrateur actif mais qu'il encourageait la concurrence entre les subordonnés pour imposer indirectement sa volonté. Robert Service, dans «Staline» (Editions Perrin, 2013), souligne au contraire l'extrême centralisation du pouvoir sous Staline, qui a orchestré des purges systématiques, y compris au sein du parti. Bien que les deux régimes aient été hautement répressifs, le nazisme a été soutenu par une loyauté idéologique fanatisée, tandis que le stalinisme a été maintenu par un appareil bureaucratique de terreur.


Conclusion

En conclusion, bien que les régimes d'Hitler et de Staline partagent des caractéristiques totalitaires, les différences d'idéologie, d'organisation et d'objectifs ne permettent pas de simplifier les choses. Le nazisme était axé sur la guerre totale et la destruction ethnique systématique, tandis que le stalinisme utilisait la terreur comme instrument de maintien du pouvoir et de remodelage social. Les analyses des historiens Arendt, Overy, Snyder et Kershaw montrent qu'il est essentiel de comprendre ces régimes en profondeur, en évitant les comparaisons réductrices.


Bibliographie:

1.    Hannah Arendt - Les Origines du totalitarisme (Editions du Seuil, 1972, 1973 et 1982). Il s'agit d'un point de départ essentiel pour comprendre le fonctionnement du totalitarisme, en analysant les régimes nazi et stalinien et en expliquant comment l'idéologie et la terreur ont été utilisées pour contrôler les masses.

2.    Stéphane Courtois et collectif - Le Livre noir du communisme (Editions Robert Laffont, première édition 1997). Cet ouvrage propose une analyse détaillée des répressions et des atrocités commises sous ces régimes. Il le fait en comparant le régime stalinien aux autres régimes communistes et en soulignant l'ampleur de la répression soviétique.

3.     Richard J. Evans - Le Troisième Reich, 1939-1945 (Flammarion, édition 2009). Un ouvrage fondamental pour l'analyse du régime nazi. Evans explore l'ascension, la guerre et la chute du régime nazi, en se concentrant sur l'idéologie et les pratiques à l'origine des horreurs commises par Hitler et son régime.

4.    Timothy Snyder - Terres de sang: L’Europe entre Hitler et Staline (Gallimard, 2019). Snyder apporte un éclairage essentiel sur les régions d'Europe centrale et orientale où les régimes d'Hitler et de Staline ont eu le plus d'impact, en explorant les atrocités et les génocides commis par ces deux régimes.

5.    François Furet – Le Passé d'une illusion (Editeur Calmann-Lévy / Robert Laffont, 1995). Furet analyse le communisme et les idéologies qui l'ont soutenu, discutant des paradoxes et des illusions qui ont conduit à ce soutien, contrairement au rejet des régimes communistes après 1989.

6.    Richard Overy - The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia (2004, pas traduit en français). Overy compare les deux régimes totalitaires en examinant les similitudes et les différences entre leurs idéologies, leurs méthodes de gouvernement et leur impact sur la société et la politique mondiales.

7.    Ian Kershaw - Qu’est-ce que le nazisme?» (Gallimard, 1997). Kershaw analyse le régime nazi en Allemagne et présente la structure du pouvoir, la dynamique interne du régime ainsi que les moyens par lesquels Hitler a consolidé son emprise sur le pays et l'a entraîné dans la guerre et le génocide.

8.    Robert Service - Staline (Editions Perrin, 2013). Une biographie exhaustive de Staline qui analyse son ascension au pouvoir, la manière dont il a contrôlé l'Union soviétique par la terreur et la répression, ainsi que l'impact qu'il a eu sur la politique intérieure et extérieure de son régime.

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