LA MOLDAVIE ET L'ABSURDITE DU «DROIT MILLENAIRE» DE LA RUSSIE.
- angelogeorge988
- 24 sept.
- 5 min de lecture
Il s'agit d'un article sur la République de Moldavie, jadis Bessarabie, une terre habitée par les Roumains et leurs ancêtres depuis la nuit des temps. Il vise à tempérer les prétentions russes et leurs rêves éternels de «Grand Empire», un ego nourri de manuels de propagande et de contes impériaux soviétiques. Les informations présentées ici sont le fruit de ce que nous appelons, dans le monde civilisé, l'histoire réelle, documentée et sourcée, et non le résultat d'une passion ou d'une rhétorique anti-russe. Car l'histoire réelle, avec ses faits et ses sources, a cependant la mauvaise habitude de gâcher les récits russes sur «la gloire éternelle de la Russie»; ceux qu'ils ont créés de toutes pièces pour atteindre leur but impérial. Face à cette situation, un peu de sarcasme vient s'immiscer donc inévitablement lorsque l'on examine les prétentions de grandeur des Russes à la lumière froide des faits.

Les relations qu'entretenait la Moldavie au temps du roi Ștefan cel Mare (1457-1504) dépassent à la fois les clichés d'un nationalisme simpliste et les prétentions ridicules de la Russie sur ce territoire. Pourquoi? La réponse est simple: à l'époque de Ștefan, la «Grande Mère Russie» n'existait ni sur les cartes, ni dans les chroniques, ni même dans les rêves les plus audacieux d'un boyard des steppes. Moscou n'était alors qu'une garnison obscure et rien d'autre. L'« Empire » russe n'était qu'une fiction du futur, une invention bien plus tardive destinée à réécrire l'histoire de ses voisins. Pour mieux comprendre les prétentions absurdes de Moscou sur la République de Moldavie, il faut se plonger dans l'histoire réelle et documentée de la région. Dans le même temps, nous devons oublier ou ignorer les légendes servies par le Kremlin, où la Russie apparaît comme «l'éternel libérateur» et «le protecteur naturel».
La Moldavie au XVéme siècle
À cette époque, la Russie n'existait pas encore sous la forme impériale glorifiée par la propagande aujourd’hui. Il y avait un soi-disant «Grand-Duché de Moscou»; celui-ci venait de commencer son ascension et se trouvait bien loin de la Moldavie. En réalité, loin d'être «avoisinée» par Moscou, la Moldavie subissait des pressions réelles venant du sud, de l'Empire ottoman, de l'ouest, de la Hongrie, et du nord, de la Pologne. Ce sont eux qui comptaient vraiment pour le sort de la principauté. Personne n'aurait pu prévoir que, quelques siècles plus tard, Moscou inventerait son propre «droit historique» sur la Moldavie.
XVIéme - XVIIIéme siècles
Au XVIe et XVIIe siècles, la Moldavie devient un État vassal de l'Empire ottoman, tandis que la Russie étend progressivement son influence vers le sud grâce aux campagnes des tsars contre les Tatars et les Turcs. La Moldavie ne sera visée par les ambitions d'expansion «orthodoxes» et slaves de la Russie qu'à la fin du XVIIe siècle. Et encore qu’il faut attendre le XVIIIe siècle pour qu'elle soit directement ciblée. L'idée que la Russie aurait été la «maîtresse naturelle» de la Moldavie à cette époque est aussi réelle que les histoires de samovars parlants.
La domination russe «millénaire» commence en 1812
Au XVIIIe siècle, la Moldavie connaît une période de conflits incessants. Les guerres russo-turques de 1711, 1735-1739, 1768-1774 et 1787-1792 en font un véritable champ de bataille où les grandes puissances testent leurs ambitions et leurs forces. Le tournant survient en 1812, lorsque la Russie annexe la moitié orientale de la Moldavie, la Bessarabie, transformant ainsi ses rêves impériaux et ses prétentions «historiques» en une réalité concrète. Ironie de l'histoire, même après deux siècles de domination ayant produit uniquement de la bureaucratie et de la frustration, la langue roumaine est encore librement parlée dans ces contrées. Un rappel puissant pour tous que les traditions, l'amour de la nation et de sa langue comptent toujours plus que les contes impériaux des Russes.

Un siècle difficile
Au cours des XIXéme et XXéme siècles, la Russie tsariste, puis l'Union Sovietique cherchent obsessionnellement à contrôler l'espace situé entre le Prut et le Dniestr, ignorant les réalités historiques et la volonté des habitants. Après 1918, la Bessarabie s'unit à la Roumanie, mais l'Union Sovietique, fidèle à ses fantasmes impériaux, refuse de reconnaître cette union légitime. En 1940, en se basant sur le Pacte Molotov-Ribbentrop, le rêve du «droit historique» russe se réalise pour la deuxième fois: les Russes occupent à nouveau la Bessarabie. Après avoir gagné la Seconde Guerre mondiale, les Russes transforment la Bessarabie en RSS Moldave. C'est la preuve que les prétentions impériales grandioses des Russes peuvent être mises en œuvre par la force. Tout cela se fait en méprisant totalement la volonté des populations et sans aucun rapport avec l'histoire authentique de la région.
La Roumanie a aidé la Moldavie autant qu'elle a pu
L'euphémisme «grande sœur» est tout à fait approprié pour décrire l'aide que la Roumanie a apportée à la République de Moldavie. J'ai participé à une telle expédition humanitaire en 2000, lorsque j'ai filmé une caravane de l'amitié transportant des fonds et des livres à sa destination. C'est avec émotion et fierté que j'ai vu cette caravane arriver à la ville de Costești-Ialoveni. On y a offert aux écoles locales et au lycée théorique de cette localité une multitude de livres en roumain. Les jeunes de la ville les ont accueillis avec enthousiasme, considérant ces livres comme un trésor qui confirmait leur identité et leur ouvrait de nouveaux horizons. Pour moi, cela a été la preuve vivante que le lien fraternel ne s’est pas rompu, même si l'histoire et les Russes ont tenté de le briser. Ce n'est pas un hasard si la ville de Costești, mentionnée pour la première fois dans un document en 1573, à l'époque du roi de Moldavie Ioan Vodă cel Cumplit, reste le témoin de cette fraternité à travers les siècles. Ce fut une joie roumaine comme j'en ai rarement vue, et que je porte depuis lors avec fierté dans mon cœur.
À propos: des élections décisives
Dans quelques jours, le sort de la République de Moldavie sera de nouveau mis à l'épreuve. Les partis pro-russes ressusciteront mécaniquement les discours livrés par Moscou, avec l'enveloppe rouge et le sceau du «tsar» Poutine. Ils parleront à nouveau de la «langue moldave» et de la Russie, présente ici depuis la nuit des temps, régnant non seulement sur les hommes, mais aussi sur les dinosaures. Des idiots utiles tels que Plahotniuc, Voronin et d'autres tenteront d'orienter le pays vers Moscou, faisant fi de ses origines historiques. Ils saperont l'autorité de la présidente Maia Sandu, diaboliseront l'orientation pro-européenne et pro-roumaine, glorifieront «l'aide» russe et tenteront d'acheter les électeurs comme on achète des animaux au marché. Moscou mise sur la chance et l'indifférence des autorités roumaines pour reprendre possession de ce territoire roumain ancestral. Puis elle arrivera en Roumanie avec des enveloppes rouges et des plans d'empire, ignorant que les Roumains ont retenu la leçon de deux siècles d'histoire réelle de voisinage avec les Russes.

La solution
La résolution du conflit ne réside pas dans l'aide de l'État roumain, qui peine à se remettre de l'attaque hybride russe qui l'a mis à genoux après les élections de 2024. Elle réside dans le vote des jeunes Moldaves et des citoyens roumains qui peuvent participer à ces élections. S'ils comprennent l'enjeu, la Moldavie pourra s'engager fermement et irrévocablement sur la voie européenne, et sortir définitivement de la trajectoire de vassalité envers le «grand ours» de l'Est, ce protecteur imaginaire qui croit que l'histoire commence et finit à Moscou. Les Européens ne sont pas parfaits — il existe de nombreux griefs et discours à leur encontre —, mais l'alternative est bien connue: redevenir vassaux de la «Grande Mère Russie», avec ses promesses vaines et ses prétentions historiques inventées de toutes pièces sur un territoire qui ne lui a jamais appartenu. Parfois, le choix le moins parfait est le seul qui puisse protéger l'identité et l'avenir de la Moldavie.
Commentaires