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UN COL... INDÉCOUVRABLE

angelogeorge988

C’est l’histoire d’une randonnée qui n’a pas atteint son objectif, mais qui nous a laissé de très bons souvenirs. Elle nous a surtout appris qu'en fin de compte, l'important n’est pas la victoire en soi, mais le chemin qui mène à elle et qui pourrait aussi s'avérer très gratifiant. Nous avons tenté de trouver le col de la Combe afin de traverser les Grandes Aiguilles d’Argentière, sans succès. Cela a toutefois été l’occasion de faire une belle balade sur des blocs rocheux, parfois à la limite de l’escalade.

En haut: les Grandes Aiguilles d’Argentière, massif Belledone, département Savoie. En bas, moi et Vlad, mon fils.
En haut: les Grandes Aiguilles d’Argentière, massif Belledone, département Savoie. En bas, moi et Vlad, mon fils.

Le plan

C’est la dernière journée de nos vacances et, avec Vlad, mon fils, nous avons décidé de faire quelque chose d'audacieux: partir du col du Glandon, monter jusqu'au lac de la Combe et traverser les Grandes Aiguilles d’Argentière par le col de la Combe. Nous pourrons ensuite facilement rejoindre le sentier balisé du lac de la Croix pour revenir au col du Glandon. C’est un défi, car il n’y a pas de sentier balisé entre le lac de la Combe et le col de la Combe, et le trajet est jalonné de blocs rocheux. Nous nous fierons aux indications plutôt vagues de quelqu'un qui a déjà parcouru ce trajet.

En bas: le trajet, le Lac de la Croix et là ou on doit sortir du Col de la Combe.
En bas: le trajet, le Lac de la Croix et là ou on doit sortir du Col de la Combe.

Col du Glandon

Il est situé à 1 922 mètres d'altitude entre la chaîne de Belledonne, dont font partie les Grandes Aiguilles d’Argentières, et le massif des Arves, et est accessible par l'autoroute A43, sortie ‘Vallée des Villards’. Il est prisé par les cyclistes, des dizaines d'entre eux montant chaque jour en été depuis la base, près de l’autoroute, jusqu’au col. Plusieurs itinéraires de randonnée balisés partent également du col, dont celui menant au lac de la Combe.

À gauche: la route menant au col du Glandon. En bas à droite: le massif d’Arves.
À gauche: la route menant au col du Glandon. En bas à droite: le massif d’Arves.

Le trajet vers le lac de la Combe

Celui-ci est un trajet en boucle, facile et sans aucun problème technique. Il est toutefois un peu physique si l'on part sur la partie gauche de la boucle. Sinon, c'est léger, idéal pour une journée de repos ou pour s'échauffer avant d'aborder des choses plus difficiles. Cette fois, nous empruntons la partie droite de la boucle où le chemin est parsemé de cailloux. Cela nous préparera à ce qui nous attend après le lac de la Combe.

En haut: la partie gauche de la boucle. En bas: la partie droite de la boucle.
En haut: la partie gauche de la boucle. En bas: la partie droite de la boucle.

Source du Glandon

Le Glandon est également le nom d’un torrent, c'est-à-dire un cours d’eau de montagne au débit irrégulier. D’une longueur d’environ 20 kilomètres, il prend sa source à environ 15 minutes de marche du col du même nom. Un aménagement a été construit à la source de l’eau pour mieux la canaliser quand le débit est fort. C’est spectaculaire, et il est donc impossible de passer à côté sans faire une séance photo.

La bergerie

Nous continuons à avancer doucement sur notre sentier qui est plutôt sur la terre et ne nous pose pas de problème. Cela nous permet de jeter souvent des coups d’œil vers les Aiguilles d’Argentière qui se profilent magnifiques en toile de fond. Notre trajet traverse un alpage couvert d'une herbe qui plaît beaucoup aux moutons. D’où la présence d’une bergerie à côté de laquelle le chemin passe. Celle-ci est bâtie en pierre et est utilisée principalement au printemps et en automne, quand le temps est plus pluvieux.

En haut: la bergerie en pierre. En bas, on aperçoit les Petites Aiguilles d’Argentière à gauche et les Grandes Aiguilles d’Argentière à droite.
En haut: la bergerie en pierre. En bas, on aperçoit les Petites Aiguilles d’Argentière à gauche et les Grandes Aiguilles d’Argentière à droite.

Lac de la Combe

Situé à environ 2 200 mètres d'altitude, il est peu étendu et ses eaux ne sont pas profondes. Le lac est plutôt banal, mais ce sont ses environs qui font son charme. De plus, le panneau l’indiquant a été placé de manière stratégique pile devant les Grandes Aiguilles d’Argentière. Il est impossible de résister à la tentation d'être photographié avec cette montagne en toile de fond; tout le monde y passe. Moi compris! Tous sauf Vlad.

Le lac de la Combe, et bien sûr, moi et les Grandes Aiguilles d’Argentière.
Le lac de la Combe, et bien sûr, moi et les Grandes Aiguilles d’Argentière.

Vlad parvient à se dégager

De cette séance photo quasi obligatoire. Mais seulement cette fois, car l’année dernière, il a déjà dû subir de nombreuses séances photo, seul ou avec son frère. Et de toute façon, d'autres photos de lui seront prises avant que nous ne terminions cette randonnée!

Vlad et Radu, son grand frère, en 2023, ainsi que les Grandes Aiguilles d’Argentière.
Vlad et Radu, son grand frère, en 2023, ainsi que les Grandes Aiguilles d’Argentière.

Sautons dans l’inconnu!

Nous commençons à monter doucement en suivant le lit d’une petite source qui alimente le lac. Nous nous arrêtons quelques instants là où l’eau sort de la terre, ou plutôt des pierres, afin de remplir nos gourdes. Le tuyau qui part de la source en descendant vers la bergerie prouve que l’eau est potable. Si les animaux et les bergers la consomment, nous pouvons également le faire. Quoi qu'il en soit, l’eau de la montagne est la meilleure que nous ayons jamais bu.

En haut: le lac de la Combe vu d'en haut et le lit de la source de l’eau. En bas, l’étendue des rochers qui nous attend à la parcourir.
En haut: le lac de la Combe vu d'en haut et le lit de la source de l’eau. En bas, l’étendue des rochers qui nous attend à la parcourir.

Marcher sur des rochers

Soyons très clairs: marcher sur des rochers, voire carrément sur des blocs rocheux, n’a rien à voir avec la marche sur un chemin de montagne en terre, même parsemé de cailloux. Ici, chaque pas doit être fait avec un maximum de concentration et ils ne sont pas tous pareils. Un pas peut mesurer quelques centimètres, tandis que l'autre peut atteindre un mètre entier. Et parfois, pour le suivant, tu dois carrément sauter d’un rocher à l’autre, comme un bouquetin. Chaque pas doit être suivi d'une pause de quelques secondes pour s’assurer que l’adhérence est bonne et que le pied ne glisse pas sur la roche, surtout quand celle-ci est inclinée.

Si certains tronçons peuvent être parcourus simplement en marchant, d'autres exigent l'utilisation des mains pour garder l'équilibre et passer d'un rocher à l'autre. Il est impossible de relâcher notre attention, car un pas qui glisse peut entraîner une entorse, voire une fracture. C'est ainsi qu'une erreur survient et qu'un accident se produit. Cela ne diminue toutefois pas le plaisir que nous avons pris à nous promener sur les blocs rocheux.

L’erreur

Nous aurions dû continuer à monter en ligne droite jusqu’à atteindre les Aiguilles et d'y commencer à chercher le col, le passage qui nous permettrait de les traverser. Mais enivrés par l’adrénaline, nous avons choisi d’aller en diagonale pour prolonger le plaisir de nous déplacer sur les rochers. Nous avons donc continué à passer d’un rocher à l’autre, sautant parfois d’un bloc rocheux à un autre, pendant une durée qui nous a semblé courte. Jusqu’au moment où Vlad a compris que nous étions quasiment arrivés au bout des Aiguilles sans avoir trouvé le col. Nous nous sommes donc arrêtés pour manger, réalisant que nous avions marché pendant longtemps et que nous avions très faim.

En bas, Vlad, au moment où il a compris qu’on avait raté le col.
En bas, Vlad, au moment où il a compris qu’on avait raté le col.

Le repas sans pain

Un grand rocher plutôt plat a servi de table et j’ai sorti les ‘plats’, c’est-à-dire le fromage et la charcuterie locaux, ainsi que des tomates, des concombres et le pain. Mais le pain, acheté plusieurs jours auparavant et gardé dans de mauvaises conditions, avait moisi; il était donc devenu impropre à la consommation. Ce n’était pas la première fois que je faisais une erreur en préparant le pique-nique (lisez ‘Circuit des lacs’). Alors, Vlad a même trouvé le pouvoir de rigoler en disant que ce serait anormal que papa réussisse à préparer le panier de pique-nique correctement. Heureusement que les vues autour de nous étaient magnifiques!

En haut: le lac Grand Maison. En bas, les Aiguilles, et Vlad qui se demande: Pourquoi ai-je laissé papa préparer le pique-nique?
En haut: le lac Grand Maison. En bas, les Aiguilles, et Vlad qui se demande: Pourquoi ai-je laissé papa préparer le pique-nique?

Le retour

Après avoir bien mangé et un peu reposé, nous consultons pour décider de la suite à donner à notre expédition. L’option d'effectuer un demi-tour dans l'espoir de trouver le col est sur la table. Toutefois, nous finissons par l’abandonner, même à contrecœur: la fatigue se fait sentir et la prudence nous oblige à prendre le chemin du retour. Par la suite, nous empruntons ce qui nous semble être la plus courte voie menant au lac de la Combe. Toutefois, celui-ci n'est pas à côté et nous avons encore marché une bonne distance sur des rochers avant de sortir dans une zone avec des pierres plus petites et de l’herbe.

Du lac au col du Glandon

Nous nous sommes arrêtés près du lac de la Combe pour reprendre notre souffle et raconter nos aventures à un groupe de randonneurs. Ils étaient curieux d'en savoir plus sur notre traversée de la marée de rochers. Le retour vers la voiture, garée au col du Glandon, s'est fait toute en douceur, le sentier étant entièrement en terre. Nous nous arrêtions souvent pour admirer encore un peu les vues spectaculaires sur les Aiguilles et le lac Grand Maison. Un troupeau de moutons de la bergerie broutait tranquillement son repas d'herbes à côté du sentier que nous empruntions. Nous nous déportons donc largement vers la droite pour éviter de les déranger. D’autant qu’ils sont gardés par des chiens qu’il vaut mieux ne pas provoquer.

En haut: le lac Grand Maison et les Aiguilles. En bas: Vlad et les moutons.
En haut: le lac Grand Maison et les Aiguilles. En bas: Vlad et les moutons.

Dernier repas: La Potence

Quoi de mieux pour finir cette journée qu’un repas festif? Après un repos de quelques heures, nous irons donc manger au ‘Chez Nath’, le meilleur restaurant de la ville de Saint-Sorlin-d’Arves, département Savoie, où se trouve notre logement. Au menu, la pièce de résistance: la Potence. Il s'agit d'un plat à base de viande de bœuf de la race Black Angus élevée en Savoie. Le serveur l’apporte: il s’agit d'un arbre en métal avec plusieurs branches sur lesquelles les morceaux de viande sont accrochés. Il l’asperge ensuite d’alcool et le fait flamber devant nous. Pendant 10 à 15 secondes, la viande brûle, offrant un spectacle magnifique et unique. En regardant les flammes s’éteindre, nous nous disons que nos vacances ont passé, tout comme les flammes, en quelques secondes.

Pas des regrets

Nos vacances sont terminées, mais elles nous laissent des souvenirs inoubliables. Et aujourd’hui, la montagne nous a rappelé qu’atteindre l'objectif est une grande satisfaction, mais que la route jusqu'à ce but peut aussi être très agréable.

 
 
 

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