BRETAGNE: LA CÔTE DE GRANIT ROSE
- angelogeorge988
- 21 mai
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
Bretagne, cette magnifique région de France, mythique et que nous aimons tant. En 2019, Vlad, mon fils cadet, et moi avons entrepris un voyage à vélo qui s'est achevé à Ploumanac'h, sur la magnifique Côte de Granit Rose, dans le sud du département des Côtes-d'Armor. Selon les scientifiques, celle-ci s'étend sur 10 km de Perros-Guirec à Trébeurden.

Côte du Granit Rose
Une côte comme dans les contes, où les rochers et les signes de l'activité humaine sont de la même couleur et racontent des histoires de la mer. Je vous invite à les decouvrir ci-dessous.

Le commencent
Pour nous, la Côte de Granit Rose commence au Gouffre du Plougrescant, quoi qu'en disent les cartes. C'est de là que nous sommes partis vers Ploumanac'h, après avoir vu le château de Roche-Jagu et le port du Lézardrieux (raconté dans "Bretagne: château et mer"), puis vers ville du Tréguier et le Gouffre du Plougrescant (voir Bretagne: la Ville et le Gouffre).

Il restait environ 30 kilomètres jusqu'à notre destination, ce qui était une distance plutôt longue pour nous avec nos VTT après plusieurs jours de vélo.
Pors Scaff
Il n’y a pas de véloroute entre le Gouffre de Plougrescant et Ploumanac’h, donc nous avons emprunté une route pour voitures qui suivait plus ou moins la ligne de la côte. Cela nous a amené à voir des paysages magnifiques, comme ceux du Pors Scaff: une terre de landes et de roches aux formes qui se renouvellent sans cesse au gré des marées et qui changent de couleur selon la lumière du jour.

L'heure du début de la marée basse étant arrivée, nous avons même pu observer l'eau se retirer et les rochers prendre des formes diverses. Le spectacle était magnifique, mais nous devions partir sous peu, car une longue route nous attendait encore. Ne voulant pas nous séparer trop vite de ce magnifique paysage, nous avons roulé sur plusieurs centaines de mètres sur des surfaces inappropriées. Nos pneus de remorque ont été durement sollicités, et l'un d'entre eux a fini par se casser.

On perd la remorque
Heureusement, cet incident s'est produit après que nous avons atteint la route. Alors que nous regardions désespérément le pneu et cherchions une solution, une voiture s'est arrêtée à nos côtés. Une dame en est descendue et a proposé de nous aider, apportant la remorque et son contenu (la tente, les sacs de couchage et les vêtements) à destination: le camping de Ploumanac'h. Ce geste a été énorme.

En guise de remerciement, nous lui avons offert une boîte de palets bretons, ce qui était le plus précieux que nous avions. Elle a refusé en riant, nous disant que la biscuiterie se trouvait à quelques centaines de mètres de chez elle. En partant, elle nous a conseillé de passer par Anse du Pellinec et Port-Blanc.
Anse du Pellinec
C’est une petite baie où l’on peut observer de nombreux oiseaux migrateurs ou hivernants, attirés ici par la présence continue de nourriture. Autre attraction: un bateau en bois qui est recouvert presque intégralement par l'eau à marée haute.

À marée basse, la baie peut être traversée en empruntant une route en terre qui porte le nom de passage du Pellinec. C'est par ici que nous l'avons traversée en allant à Port-Blanc.
Port-Blanc
Pors Gwen en breton, il s'agit d'un petit port côtier breton situé dans le pays historique du Trégor. Jadis havre de paix pour les marins, il est aujourd'hui la station balnéaire de la ville du Penvénan. Des rochers spectaculaires offrent un décor pitoresque, notamment le Rocher de la Sentinelle qui culmine avec un petit oratoire surmonté d'une croix.

À ses pieds se trouvaient une guérite et deux statues: Saint Tugdual et Notre-Dame de la Mer. Elles ont par la suite été placées dans la chapelle Notre-Dame de Port-Blanc. Il s'agit d'une chapelle semi-enterrée datant du XVIe siècle, bâtie sur les fondations d’une tour de guet du XIIIe siècle.

Chaque année, le 8 septembre, a lieu la cérémonie du Pardon, avec la croix bleue des marins qui ouvre la procession depuis cette chapelle. Quatre petits garçons de huit ans, habillés en marins, se relaient pour porter une goélette en souvenir de la grande pêche d’Islande. Des fillettes portent une petite Vierge dorée, tandis que d'autres les escortent en tenant des rubans bleus. La statue de Notre-Dame est quant à elle portée par deux marins-pêcheurs. Des chants dédiés à la Vierge Marie, ainsi que des chants bretons, sont chantés, puis une gerbe est déposée à la mer en souvenir des personnes disparues durant l'année écoulée. On demande alors que la pêche soit bonne et que les marins soient protégés.

Vers Ploumanac’h
Partis du Port-Blanc, nous nous dirigeons directement vers Ploumanac'h. Nous ne pouvons nous permettre que de petites pauses pour admirer et photographier quelques-uns des plus jolis coins de Bretagne que nous traversons.

Arrivés sur place, nous avons eu la surprise de ne pas trouver notre remorque à l'accueil. En effet, le personnel du camping avait déjà choisi l’emplacement pour notre tente et y avait déposé nos affaires. Nous avons alors passé du temps à raconter nos aventures et les magnifiques sites que nous avons découverts pendant notre voyage.

En réponse, ils nous ont conseillé de commencer par une visite de l’Aquarium marin du Trégastel afin d'obtenir des informations utiles pour mieux connaître la Côte de Granit Rose.

Aquarium marin
Le site est impressionnant: une partie de celui-ci se trouve dans un énorme bloc rocheux. La première salle, nommée «Zone des marées», est dédiée à la vie qui prospère au rythme des marées. La deuxième salle, «Zone des profondeurs», est dédiée à la vie dans les eaux.

On sort ensuite sur l’immense bloc de granit rose de 22 mètres de long sur 15 mètres de large et pesant près de 5 500 tonnes. Ici se trouve aménagée la «Zone des embrumes», un espace situé au-delà de la portée des plus grandes marées et où les conditions de vie sont extrêmes: pluie, soleil et vent permanent. Depuis cet endroit, nous pouvons également admirer les environs, la ville et la côte. Nous avons également admiré, tout en haut, la statue du «Père Éternel». Au début, elle était appelée la «Statue du Bon-Sauveur» et a été érigée en 1869 au sommet d’un amas rocheux dominant la plage du Coz-Pors. Elle a été bénie le 22 juillet de la même année. Sa raison d'être: «aider les marins du pays et les étrangers qui visitent nos grèves à élever leurs pensées vers Dieu».

Aujourd'hui, comme elle est placée au-dessus de l’Aquarium, nous trouvons une raison supplémentaire à son existence: celle de veiller sur l'aquarium et la Côte de Granit Rose.
Pourquoi «Côte de Granit Rose"?
On y trouve également des planches d'informations scientifiques la concernant. La pierre qui la compose est communément appelée «granit», bien que les géologues utilisent le terme «granite». Elle s'est formée il y a près de 300 millions d’années, à par le refroidissement lent du contenu d’une chambre magmatique auxquel la mer mer et les vents ont aportes des autres minerais.

La couleur dominante est brune tirant sur le rose en raison de la présence de trois minéraux dans sa composition: le mica noir, le quartz gris translucide et le feldspath. La nuance de rose est plus ou moins prononcée en fonction du degré d'oxydation du feldspath et de sa quantité dans la composition de la pierre.
Plage de Coz-Pors
Bien sûr, en partant de l'Aquarium, nous nous sommes directement rendus à la plage de Coz-Pors. Non pas pour prendre un bain, car nous n'avions pas nos maillots de bain, mais pour admirer l’amas rocheux sur lequel se dressait auparavant la statue du «Père Éternel». Le soleil brille très fort, si bien que la plage est déserte de touristes qui sont tous allés se perdre dans l'eau.

Nous nous sommes arrêtés un instant pour admirer le sable blanc, qui met encore plus en évidence les couleurs des rochers. Puis, Vlad a bien sûr grimpé au sommet pour prendre la place où se dressait autrefois la statue. Une fois en haut, il a crié: «Voilà, papa, maintenant c'est moi le «Père Éternel».
La Tête du Dragon
Le lendemain, munis de toutes ces connaissances sur la Côte de Granit Rose, nous sommes partis à sa découverte depuis Ploumanac'h, où se trouvait notre camping. Pour cela, nous avons emprunté le Sentier des Douaniers, qui nous a menés tout près d'innombrables blocs de roche groupés en amas, empilés les uns sur les autres ou formant des structures à l’équilibre précaire.

Avec ses angles doux et arrondis, ses formes variées donnant naissance à des figures parfois étranges, parfois reconnaissables, la Côte de Granit Rose est une véritable œuvre d'art minéral pour le plus grand plaisir de nos yeux. Parmi eux se trouvait la «Tête du Dragon», que Vlad n’a pas voulu escalader, faisant semblant d'avoir peur des «dragons», pendant qu’un large sourire illuminait sa délicieuse bouille.
Grimpant dessus
En continuant notre balade, nous avançons lentement sur le chemin pour avoir le temps d'admirer les superbes amas des roches de ce côté. Vlad les escalade maintes fois, comme pour leur déclarer sa flamme, et je fais de même parfois. Ce n'est pas par bravade. Pour nous, c'est d'abord une déclaration d'amour à cette magnifique roche.

Y grimper dessus, c'est lui témoigner notre respect, c'est la prendre dans nos bras, la caresser à la recherche d'une bonne prise, c'est fusionner avec elle. Et en passant d'un rocher à l'autre, on arrive à la «Cale».
Anse de Pors Kamor
Portz-ar-Mor est son nom breton et c'est le seul endroit toujours à flot de Ploumanac'h, quelle que soit la marée. On y trouve le bâtiment qui abrite le canot de sauvetage de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM), qui a pour vocation de secourir bénévolement et gratuitement les vies humaines en danger en mer. Depuis le 22 décembre 1912, date de la mise à l'eau du premier canot, «le Commandant Gentil», cinq bateaux ont permis de sauver des vies que la mer aurait pu emporter.

Le dernier en date, le «Président Toutain», est un canot tous temps de 15,50 m pouvant atteindre une vitesse de 20 nœuds, réputé insubmersible et autoredressable. On y retrouve également la «CALE», le parcours que le canot de sauvetage emprunte pour des sorties rapides en mer. Il s'agit d'une rampe de 113 mètres de long utilisable quel que soit l’état ou la force de la marée, et même en cas d'orages ou de tempêtes.
Le phare Mean Ruz
L’actuel est le deuxième de ce nom. Il a remplacé celui en granit gris qui avait occupé le même rocher de 1860 à 1944, date à laquelle il a été détruit par les Allemands. Son nom officiel, «Mean Ruz», fait référence à celui du rocher sur lequel il est édifié. Cette appellation convient parfaitement au phare, car elle est dérivée de l’expression bretonne «maen ruz» (= pierre rouge).

La version actuelle, construite en granit rouge rosé entre 1946 et 1948, vise à s'harmoniser avec le cadre environnant et à émerveiller les visiteurs. Il se fond ainsi dans le paysage, au grand dam de certains marins qui disent ne pas parvenir à le distinguer de loin. Et cela même si son objectif principal est d’indiquer l'entrée du chenal navigable menant au port de Ploumanac'h. Toutefois, de nuit, il est facilement repérable grâce à son feu rouge à occultations avec un secteur blanc visible de loin.

Depuis son promontoire, il offre une vue exceptionnelle sur les roches roses de la côte et sur les îles environnantes. L’intérieur du phare n’est pas accessible, mais il est possible de descendre jusqu'à sa base, voire en dessous. Vlad n'a bien sûr pas hésité à le faire.
Château de Costaérès
Construit de 1892 à 1896 dans le style néo-gothique s'inspirant des châteaux médiévaux, il est bâti en granit rose provenant des carrières avoisinantes. Le terme «château» est un peu galvaudé, car il s'agit en fait d'un imposant manoir, caractéristique des grandes maisons de villégiature de la fin du XIX^e siècle. Son aménagement intérieur a été réalisé avec le bois d'un trois-mâts échoué en 1896, le Maurice.

Son nom, Costaérès, vient de «coz-seherez», qui signifie «vieille sècherie» en breton. C’est sur cet îlot que les marins faisaient sécher les poissons au soleil, d'où le nom du château qui s'y dresse aujourd'hui majestueusement. Il a été le point de rencontre de nombreux émigrés polonais, parmi lesquels le lauréat du prix Nobel Henryk Sienkiewicz, qui y a écrit son œuvre Quo Vadis, publiée en 1895. Malheureusement, le château de Costaérès est une propriété privée qui ne se visite pas, mais il est possible d'admirer son extérieur.

Le voyage de l'année 2019 touche à sa fin
Peu après, nous arrivons au Trégastel, où se termine notre balade du jour. Il s'agit également de la fin de notre voyage de cette année, car nous devons bientôt rentrer à la maison.

Mais nous garderons en mémoire les beaux paysages que nous avons admirés, les histoires que nous y avons entendues, ainsi que l'hospitalité et la gentillesse des Bretons. «Nous y reviendrons»: telle est notre promesse.
2023: le Pointe du Château.
Promesse tenue: quatre ans plus tard, en mai 2023, nous y sommes retournés. Cette fois, nous sommes accompagnés de Radu, mon fils aîné et grand frère de Vlad, pour qu'il découvre lui aussi les splendeurs de la Côte de Granite Rose. On commence par la Pointe du Château, à Perros-Guirec, un éperon rocheux qui se jette dans la mer.

Autrefois position stratégique importante pour la défense de la zone, il nous offre aujourd'hui, depuis son sommet, de très belles vues sur les environs. Pour atteindre le sommet, il faut emprunter un escalier avec des marches taillées dans la pierre.

Mais Vlad et Radu ont préféré grimper sur les rochers, et même par la, ils ont trouvé que c'était trop facile pour leurs talents de grimpeurs.
Continuons la balade
Des nuages apparaissent et disparaissent, parfois ils sont nombreux, parfois moins. Nous n'avons pas peur d'eux, les paysages sont trop beaux pour nous intéresser à quelque chose d'aussi insignifiant que le risque d'une pluie. Radu, lui aussi ravi par ces rochers, accepte de poser plusieurs fois pour la photo avec eux en arrière-plan.

Vlad est soulagé: il n'aura pas à poser aussi souvent qu'au moment de notre première visite, où je lui demandais de s'arrêter pour une photo à chaque cinq mètres parcourus. Et notre promenade du jour se termine au phare Mean Ruz, que nous admirons tous les trois longuement.
Ile Renote
Le lendemain, nous avons terminé notre balade sur la Côte de Granit Rose par une visite de l'île Renote.

À l'origine, c'était une île que l'on pouvait rejoindre à pied uniquement à marée basse. Mais la construction, en 1885, d'une chaussée permettant le passage, même à marée haute, a fait d'elle une presqu'île. Il y a même un parking installé sur ce pédoncule sablo-rocheux qui la relie au continent, car la circulation se fait uniquement à pied. En environ une heure, temps de séances photos compris, nous pouvons faire le tour de la zone en suivant le sentier côtier.

Les blocs de granit sculptés par l'action conjuguée de l'eau, du vent et du soleil forment des arrangements défiant les lois de l'équilibre et aux formes singulières. Leur présence fait de cette presqu'île un chaos granitique d’une couleur rose qui contribue à la beauté et à la singularité de cette côte.

Avec ces dernières images magnifiques ancrées dans nos têtes et nos cœurs, nous nous séparons encore une fois de cette magnifique côte, tout en sachant que nous y reviendrons tôt ou tard. Il est difficile de rester éloignés de cette côte, comme de Bretagne, cette région qui nous est chère.