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L'HIVER AU GOÛT D'ÉTÉ À MANGAWHAI HEADS, NOUVELLE ZEALAND

Nous partons d'Auckland par une belle matinée, le coffre plein d'optimisme, de jouets de plage et de provisions en trop pour un voyage de quelques jours. La voiture est pleine de rires, de sacs bruissants et d'un léger désordre organisé. Nous nous mettons en route et, quelques minutes plus tard, mes enfants, Lucas et Victoria, entament leur rituel de vacances: «Quand arrivons-nous? Combien de temps il reste avant l'arrivée?» Les questions se répètent à chaque dix minutes, avec la régularité d'un métronome. Entre deux reprises de cette interrogation, une discussion philosophique et bruyante a lieu pour savoir à qui appartient vraiment le dernier morceau de chewing-gum. C'est déjà un classique familial.

Promesse en bleu

Nous nous arrêtons brièvement à Wellsford pour boire un café et régler des «urgences» traitées avec le sérieux d'une alerte nationale. Puis nous quittons l'agitation urbaine et nous laissons peu à peu happer par le calme du nord, où tout semble respirer à un rythme plus lent, presque musical. La route serpente comme un ruban de velours, doux et tendu, entre des collines arrondies recouvertes d'un vert dense et frais, couleur d'un hiver néo-zélandais. Ici et là, des nuages sont suspendus aux sommets, tels les châles oubliés de fées pressées, et le soleil joue à travers les branches de manuka, peignant des ombres dansantes sur le macadam.

Nous traversons des villages qui semblent avoir été dessinés par des géomètres sur plan: une station-service tranquille, une véranda remplie de pots, un chien qui s'ennuie et se prélasse à l'ombre. Les champs sont vastes et parsemés de vaches qui semblent tout droit sorties d'une encyclopédie illustrée tant elles s'intègrent parfaitement au paysage. Les chemins de traverse se perdent dans les arbres et deviennent des espoirs silencieux d'aventures inconnues. Soudain, le ciel s'ouvre comme un rideau tiré devant la scène, et l'océan fait sentir sa présence. On ne le voit pas encore, mais la lumière change, elle devient bleue, liquide, comme une promesse tacite. Mangawhai est proche. Et nous sentons déjà qu'il nous attend.

Carte postale de la réalité

Lorsqu'on arrive à Mangawhai Heads, on a l'impression de pénétrer dans une carte postale tirée d'un album de rêve. Ce n'est pas pour rien que l'on surnomme cette ville la petite rivière aux raies... Sous le soleil, tout est illuminé d'une douce lumière, telle une caresse chaude sur la joue d'un enfant, et l'air frais a un goût de liberté. La tranquillité est presque tangible, comme un doux manteau qui nous enveloppe, avec une agréable lourdeur qui ne nous alourdit pas, mais nous apaise. La petite ville semble faite de calme et de patience, chaque recoin respirant la détente.

Dans le centre-ville, nous trouvons un supermarché Four Square parfaitement approvisionné ainsi qu'un café où le personnel est souriant. Il y a également une boutique de souvenirs où les coquillages emballés et les aimants en forme de coquillages semblent être de véritables souvenirs plutôt que de simples objets. L'ensemble ressemble à un décor de film de vacances d'enfance, un endroit où le temps semble s'étirer à l'infini comme une plage sans fin.

Lavande, sel de mer et vieux souvenirs

Les maisons de Mangawhai sont magnifiques: des villas ouvertes et aérées avec de larges vérandas qui semblent absorber toute la lumière. Les ferronneries des fenêtres laissent place à des vues sur des jardins soignés ou des fleurs, comme de petits miracles cachés, fleurissent au cœur de l'hiver. Rien n'est précipité ici, comme si chaque bâtiment et chaque pétale de fleur avaient été placés avec soin pour créer un lieu où le temps semble ralentir. Les habitants nous accueillent avec le sourire, comme s'ils nous connaissaient depuis toujours. L'air semble filtré directement par la lavande et le sel marin, une odeur de mer et de prairie qui renforce le sentiment que nous avons toujours été à notre place ici, d'une manière ou d'une autre.

Maison, plage, soirée parfaite

Nous avons loué une maison de vacances simple et belle, avec une discrète piscine chauffée dans la cour, parfaite pour les soirées fraîches. Une fois installés, nous nous sommes dirigés vers la plage. La plage de Mangawhai Heads est large, avec du sable fin et des dunes qui s'étendent paresseusement vers l'océan. Bien qu'il s'agisse de l'hiver, le temps ressemblait davantage à un mois d'avril doux: ciel dégagé, brise légère et températures comprises entre 17 et 18 degrés.

Les pas dans le sable, des rires et des coquillages.

Lucas et Victoria courent sans crainte vers l'eau, pieds nus sur le sable froid, sans se soucier de l'hiver. Avant même que nous puissions protester, ils se retrouvent déjà au milieu des vagues, leurs pieds mouillés et leurs larges sourires resplendissant plus fort que le doux soleil d'hiver. Telle a été la façon dont nos journées à Mangawhai ont commencé: avec des empreintes des pas dans le sable, des rires qui brisent le silence et des coquillages ramassés dans les poches, tels de minuscules trésors cachés. Chaque pas est une promesse d'aventure, chaque instant une invitation à ne plus jamais partir.

Nous avons passé des heures à explorer la plage et les falaises, le temps s'écoulant paisiblement, à l'image des vagues qui se fracassaient sur le rivage. Les dunes de sable sont couvertes de fleurs blanches, violettes et jaunes: des cactus côtiers qui tissent une toile vivante ancrée dans le sable, donnant à l'endroit un air de jardin sauvage.

À marée basse, les pierres arrondies de l'eau se révèlent à chaque vague sous de nouvelles formes: des animaux fantastiques prennent vie, des visages étranges nous fixent, des planètes miniatures flottent dans le sable comme d'anciens trésors oubliés depuis longtemps.

Sous les rochers anciens, cachés dans le sable humide, se trouvent de minuscules coquillages. Ils sont trop petits pour être récoltés, mais tellement appétissants qu'on se demande qui les aurait cuisinés mieux: nous, avec un peu d'ail et un filet de vin, ou dans une taverne grecque lors d'un rêve d'été chaud?

Chaque découverte, aussi petite soit-elle, semble appartenir aux mystères du lieu et raconter une histoire pas encore exprimée. Chaque jour, nous faisons de longues promenades, tantôt sur la plage, tantôt sur les sentiers côtiers, enveloppés par le silence et le murmure des oiseaux. Les mouettes, avec leurs ailes blanches et majestueuses, nous accompagnent à chaque pas. Victoria, l'air narquois, partage sa conviction que l'un d'entre eux la reconnaît toujours et qu'elle fait en quelque sorte partie de leur monde. D'une certaine manière, c'est peut-être le cas.

Pierre en forme de grenouille

Le soir, nous regagnons notre maison temporaire, à l'image d'oiseaux revenant au nid. Les adultes ont un verre de vin à la main et savourent cet instant comme un rituel ancien, au milieu de l'air frais et salé du soir. Les enfants jouent dans la piscine, les joues rougies par le soleil, dans la joie d'un jeu sans fin.

La petite piscine chauffée est devenue le centre de notre univers pour ces soirées. Nous partageons des histoires et des rires en observant les étoiles, qui semblent plus proches que jamais. Il n'y a pas de précipitation, pas de plans pressants, juste le présent qui s'étend et nous enveloppe de silence.

Le dernier matin, la plage semble plus calme que d'habitude, comme si l'océan lui-même avait pris le temps de respirer plus profondément. Dans le silence, nous ramassons des objets en songeant à la journée qui s'annonce, mais aussi avec une nostalgie soudaine pour tout ce qui a déjà été. Lucas ramasse une pierre en forme de grenouille, un souvenir simple mais chargé de sens.

Victoria demande si nous ne pourrions pas rester ici toute notre vie. Je leur promets que nous reviendrons et que cet endroit restera gravé dans nos cœurs comme un souvenir indélébile, toujours le même et pourtant toujours différent.

Souvenirs perdus dans les vagues

Sur le chemin du retour, tout le monde dort dans la voiture. Je conduis, le sourire aux lèvres, le calme de celui qui a ressenti une véritable tranquillité, une brise légère qui ne demande rien.

Je regarde les vagues dans le rétroviseur, où l'eau se retire lentement, comme un souvenir qui s'efface sans hâte. Mangawhai Heads ne promettait pas le spectaculaire, mais nous a offert quelque chose de beaucoup plus rare: du temps, du calme, de la beauté sans artifice. C’est une scène vivante qui se comprend sans mots.

Un hiver chaud comme une étreinte de soleil, des vacances qui rechargent nos batteries comme un rayon de lumière qui remplit un verre à ras bord. Un souvenir qui restera profondément ancré dans le sol de notre âme. Allons-nous y retourner? Assurément. C'était merveilleux.


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