Le caillou s'est retrouvé seul dans la poussière de la route. Il gisait là, caché entre deux couches de cendres, enveloppé par l’émotion des souvenirs. Autrefois, il avait été grand et maintenant, au crépuscule de la vie, il en était venu à se montrer impuissant, sans défense, ici et là. Et toujours, en étant à la merci d’un vent fou et de ses lubies. Il se rappelait les bribes de sa vie qu’il l'avait goûtée à pleines dents.
A l'époque, il était un sort de rocher géant. Une fois, de l’eau en furie l’avait attaqué, se précipitant pour lui broyer ses entrailles comme un moulin impitoyable. Elle ne s’était pas arrêtée de le réduire, de le diminuer que jusqu'à ce que la nature sauvage l'emporte sur le feu du désert brûlant. Il va périr bientôt lui aussi, mais au moins il mourra libre, sans cavaliers d'eau à ses trousses. D’un coup, il se retourna et regarda en arrière poussant un soupir de soulagement. Content de lui, hyperbolique, ses pas orientés vers le grand horizon; caressé par la brise qui l'avait prise dans ses bras et continuait à le perdre au loin.
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