LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN: HOLOCAUSTE ET NAKBA
- angelogeorge988
- 19 sept.
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Dans un monde marqué par des tensions géopolitiques, des conflits armés et des divisions idéologiques, ce conflit se distingue par sa longévité, sa complexité et sa charge symbolique. Il suscite des débats intenses et souvent polarisés, dans lesquels chaque partie revendique la légitimité absolue de sa position, rendant les compromis difficiles à trouver. Pour le comprendre, il faut procéder à une analyse historique objective. L'avantage de cette approche est qu'elle permet d'éviter les interprétations simplistes ou partisanes, et d'expliquer les causes et les conséquences du conflit dans le contexte plus large de l'histoire du XXe siècle.
Les persécutions des Juifs
Victimes d'une longue histoire de discrimination et de persécutions, ils ont particulièrement souffert en Europe, où l'antisémitisme était profondément enraciné, à l'époque moderne et contemporaine. L'ascension du régime nazi en Allemagne dans les années 1930 a transformé l'antisémitisme en politique d'État, aboutissant au génocide connu sous le nom d'Holocauste. Lors de la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, les dirigeants nazis ont décidé de mettre en œuvre la «solution finale», qui a conduit à l'extermination d'environ six millions de Juifs dans les camps de concentration et d'extermination — le plus grand génocide de l'histoire moderne (Bauer, 2002 ; Friedländer, 2012). Les survivants de l'Holocauste, ainsi que de nombreux membres de la diaspora juive, considéraient le mandat de la Palestine (sous l'égide de la Société des Nations) comme le lieu naturel pour la reconstruction d'une patrie nationale, conformément à la tradition religieuse et à l'idéologie sioniste déjà ancrées depuis la seconde moitié du XIXe siècle (Herzl, 1926; Shapira, 2012). Les vagues d'immigration juive se sont intensifiées à la suite de la tragédie de la guerre et ont alimenté le projet politique de création de l'État d'Israël.

La partition des Nations Unies
En 1947, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution 181 proposant la partition de la Palestine en un État juif et un État arabe, avec un régime international spécial pour Jérusalem. Bien que ce plan ait été accepté par les dirigeants sionistes, il a été rejeté par les États arabes et les représentants palestiniens. Ces derniers l'ont jugé injuste, car il ignorait la réalité démographique et les droits de la population arabe majoritaire (Morris, 2001; Khalidi, 2003). La réaction immédiate a été le déclenchement des hostilités, qui ont abouti à la première guerre israélo-arabe de 1948. Le 14 mai 1948, l'État d'Israël a déclaré son indépendance et a rapidement été reconnu par les grandes puissances. Au cours des affrontements qui ont suivi, plus de 700 000 Palestiniens ont été déplacés ou ont fui les territoires qui sont devenus partie intégrante d'Israël; ce phénomène est connu dans l'historiographie arabe sous le nom de «Nakba» («la catastrophe»). Ce fut un changement soudain de l'état des choses: la fondation de l'État d'Israël, concomitante à l'exode palestinien. Ce changement représente le noyau historique du conflit et explique sa persistance jusqu'à aujourd'hui (Pappé, 2024; Morris, 2009).

Le cœur du problème
En réalité, les Juifs et les Palestiniens revendiquent toujours le même territoire comme espace national légitime: la «patrie historique» retrouvée après des siècles d'exil et de persécutions pour les Juifs, et le lieu de leur identité collective menacée par la colonisation et le déplacement pour les Palestiniens. Ce chevauchement de droits historiques et religieux, combiné à des décisions internationales contradictoires et à des intérêts géopolitiques extérieurs aux peuples concernés, fait de ce différend l'un des conflits les plus complexes et persistants du monde moderne. Après cette introduction, vous allez trouver l'histoire de ce conflit ci-dessous. Il s'agit toutefois d'un simple résumé de l'évolution historique de la situation. Pour une compréhension plus approfondie, nous vous invitons à consulter les ouvrages spécialisés mentionnés en fin d'article.

Les revendications des Juifs: la patrie biblique, le Temple et la continuité de la diaspora
Selon la tradition juive, la «Terre d'Israël» (Eretz Israël) est le berceau historique et religieux du peuple juif. Jérusalem, lieu du Premier Temple et du Second Temple, a toujours constitué un pôle théologique, cultuel et identitaire. Malgré la destruction du Temple en 70 après J.-C., la ville de Jérusalem est restée présente dans la mémoire et la liturgie de la diaspora juive. Des prières telles que la formule pascale «l'année prochaine, à Jérusalem» ont conservé, au fil des siècles, l'orientation symbolique vers le retour là-bas. L'historiographie souligne que l'archéologie et les textes attestent tous deux de la centralité du Temple dans la vie du judaïsme antique. À l'époque moderne, cette continuité culturelle et religieuse a alimenté un projet politique articulé sous le nom de sionisme à la fin du XIXe siècle. Selon la tradition juive, le lien biblique et historique confère une légitimité à la revendication nationale. Observons toutefois l'existence de débats au sein de cette tradition sur le rapport entre la promesse religieuse, le droit historique et les solutions politiques contemporaines.

Revendications islamiques et chrétiennes: Jérusalem, espace sacré multiplié
Pour l'islam, l'ensemble Haram al-Sharif/Al-Aqsa (qui comprend la mosquée Al-Aqsa) est le troisième lieu saint, associé au voyage nocturne (Isrāʾ) et à l'ascension (Miʿrāj) du prophète Mahomet, mentionnés dans la tradition coranique et dans les hadiths. Au fil des siècles, il a été entretenu, restauré et investi symboliquement par les pouvoirs musulmans successifs. Pour le christianisme, l'église du Saint-Sépulcre concentre la mémoire des souffrances, de la crucifixion et de la résurrection de Jésus. Centre de pèlerinage depuis la fin de l'Antiquité, il a conservé son statut confessionnel («Status quo») qui reflète la pluralité des traditions chrétiennes. Dans les deux cas, le caractère sacré de ces lieux renforce des identités religieuses et des récits historiques palestiniens et arabes, respectivement chrétiens. Ces identités et ces récits confèrent au territoire une signification qui dépasse les critères strictement politiques ou démographiques.

Le chevauchement des revendications et la transformation de Jérusalem en «point névralgique»
Pour les trois religions — judaïsme, christianisme et islam —, les mêmes lieux délimitent des territoires sacrés qui se chevauchent partiellement: le mont du Temple/Har HaBayit pour les juifs, le Haram al-Sharif/Al-Aqsa pour les musulmans, le Saint-Sépulcre et d'autres sanctuaires pour les chrétiens. Cette colocalisation de la sacralité génère des tensions lorsque le contrôle, l'accès et la souveraineté sont négociés sur le plan politique. Les travaux de chercheurs universitaires de renom montrent que Jérusalem fonctionne à la fois comme un lieu de mémoire religieuse et comme un symbole national, tant dans le judaïsme/sionisme que dans l'identité palestinienne et arabe. Par conséquent, les compromis territoriaux sont souvent perçus comme un renoncement à l'impératif de la foi ou aux récits fondateurs. De ce point de vue, le conflit autour de Jérusalem est plus qu'une question de frontières: c'est un conflit entre différents régimes de légitimation (théologique, historique, national), chacun avec ses propres «preuves» canoniques et mémorielles. D'où la persistance des sensibilités propres à chacun et la difficulté à trouver des solutions consensuelles. Bien à savoir: les paragraphes ci-dessus résument les positions et les significations consacrées dans la littérature spécialisée. Pour plus de détails, voir les volumes et les chapitres thématiques de The Cambridge History of Judaism, les études encyclopédiques sur Al-Aqsa et le Saint-Sépulcre, ainsi que les ouvrages interconfessionnels et pluriconfessionnels sur Jérusalem en tant que ville sacrée «dans trois religions».

L'ascension du sionisme (fin du XIXéme siècle – début du XXéme siècle)
Le mouvement est né dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans un contexte marqué par la montée des courants nationalistes européens et l'intensification de l'antisémitisme. Fondé théoriquement et politiquement par Théodor Herzl dans son ouvrage «Der Judenstaat» (1896), le sionisme proposait la création d'une patrie nationale pour les Juifs. Il était considéré comme la seule solution viable aux persécutions et aux discriminations constantes auxquelles les Juifs étaient confrontés en Europe centrale et orientale (Laqueur, 1994). Bien que d'autres emplacements aient été envisagés au départ (tels que l'Ouganda), la Palestine a été préférée en raison de son lien biblique et symbolique avec le peuple juif. Les premières vagues d'immigration (aliyot) ont commencé vers 1882, formant de nouvelles colonies agricoles et des communautés. Celles-ci ont été soutenues financièrement par des philanthropes juifs, comme le baron Edmond de Rothschild. D'autre part, la population arabe locale, majoritaire dans la région, percevait les nouvelles implantations comme une menace directe pour son statut économique et social (Khalidi, 2006). Les acquisitions foncières, souvent réalisées par l'intermédiaire de grands propriétaires absents, ont entraîné la perte de terres pour les paysans arabes et renforcé leur sentiment de marginalisation. Pour les Juifs, ces colonies marquaient le début de la renaissance nationale et un retour légitime sur la «terre de leurs ancêtres». Pour les Arabes, ils marquaient une colonisation injuste, soutenue par des puissances extérieures, et une menace pour leur identité et leur majorité démographique. Cette perception antagoniste a préparé le terrain aux premiers conflits violents entre les deux communautés, en particulier avec la croissance numérique et économique des nouvelles colonies juives (Shlaim, 2007). Ainsi, l'essor du sionisme a opposé deux mouvements nationalistes émergents, le sionisme juif et le nationalisme arabe, qui revendiquaient le même territoire au nom de la légitimité historique et de la survie collective.

Les promesses britanniques pendant la Première Guerre mondiale
Pendant ce conflit, la Grande-Bretagne a pris une série d'engagements contradictoires au Moyen-Orient, qui ont directement contribué à exacerber les tensions entre les communautés juives et arabes en Palestine. La correspondance entre le Haut Commissaire britannique au Moyen-Orient, Henry McMahon, et le Chérif Hussein de La Mecque (1915-1916) laisse entendre que, en échange du soutien des Arabes contre l'Empire ottoman, les Britanniques promettaient de reconnaître l'indépendance des Arabes dans certains territoires, y compris tout ou partie de la Palestine (Fischbach, 2000). L'interprétation exacte de ces promesses a ensuite été contestée: les Arabes estimaient qu'on leur avait garanti l'ensemble de la Palestine, tandis que les Britanniques adoptaient une interprétation plus restrictive, ce qui a engendré un sentiment de trahison. On reproche aux colons britanniques d'avoir adopté la même approche hypocrite, avec des traductions imparfaites des versions des traités, lors de l'appropriation de la Nouvelle-Zélande, à la suite du traité de Waitangi du 6 février 1840. Les effets de ces incohérences se font encore sentir aujourd'hui.

L'accord Sykes-Picot et la déclaration Balfour
L'accord Sykes-Picot, conclu en secret en 1916 entre la Grande-Bretagne et la France, prévoyait la future partition du Moyen-Orient en zones d'influence, y compris la Palestine. Cet accord contredisait implicitement les promesses faites aux Arabes et sapait leur confiance dans les intentions britanniques (Porath, 1974). Parallèlement, la déclaration Balfour (1917) représentait un engagement officiel britannique envers la communauté juive, exprimant son soutien à «la création en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif», sans préjudice des droits civils et religieux de la population non juive existante (Segev, 2000). Pour les Juifs, cela a été perçu comme une reconnaissance internationale des aspirations sionistes; pour les Arabes, c'était un signe que leurs intérêts territoriaux étaient ignorés. Ces engagements contradictoires ont aggravé la méfiance mutuelle entre Arabes et Juifs et la Palestine est devenue le théâtre d'un conflit politique et social exacerbé, dans lequel les accords extérieurs ont alimenté le sentiment d'injustice et de trahison dans les deux camps.

Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948)
Après l'effondrement de l'Empire ottoman, la Société des Nations a confié à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine en 1920, dans le but d'administrer le territoire, de mettre en œuvre la déclaration Balfour et de préserver les droits de la population arabe existante (Khalidi, 2003). Dans la pratique, cette dualité d'objectifs s'est toutefois avérée difficile à gérer, car les intérêts des communautés juive et arabe étaient souvent incompatibles. L'augmentation de l'immigration juive pendant l'entre-deux-guerres, notamment en réponse aux persécutions en Europe et à la montée du nazisme dans les années 1930, a exacerbé les tensions locales. Les acquisitions foncières et le développement des colonies juives ont été perçus par la population arabe comme une menace pour ses biens et son statut majoritaire (Porath, 1974). Cela a conduit au déclenchement de la Grande Révolte arabe (1936-1939), une série de protestations et de révoltes contre l'administration britannique et l'immigration juive. Les Britanniques ont répondu par la répression militaire, des arrestations et des restrictions de mouvement, ce qui a exacerbé le ressentiment des deux communautés. La frustration accumulée à l'égard de la politique britannique, jugée injuste et inefficace, a entraîné la radicalisation des deux camps et une escalade des violences intercommunautaires. Les Juifs ont créé des organisations paramilitaires pour défendre leurs colonies et soutenir l'objectif sioniste, tandis que les Arabes ont réagi par des actions de résistance. Le résultat a été un climat d'instabilité persistant tout au long du mandat britannique.

L'impact de l'Holocauste sur le conflit israélo-palestinien
L’Holocauste (1941-1945), au cours duquel le régime nazi a exterminé environ six millions de Juifs, a marqué un tournant dans l'histoire du peuple juif et a renforcé les arguments en faveur de la création d'un État juif en Palestine (Bauer, 2003). L'expérience du génocide a accentué l'urgence de disposer d'un refuge sûr et a conféré une légitimité morale et politique au mouvement sioniste aux yeux de la communauté internationale. Après la guerre, la sympathie mondiale envers les survivants de l'Holocauste a conduit à un soutien diplomatique et matériel à l'immigration juive en Palestine, avec des pressions exercées sur la Grande-Bretagne et les Nations unies pour mettre en œuvre les plans de partition (Morris, 2001). Pour la population arabe locale, l'augmentation de l'immigration juive dans l'après-guerre a suscité des craintes liées au déplacement forcé et à la perte du contrôle du territoire et du statut majoritaire. Cette dynamique a exacerbé les tensions existantes, contribuant à l'escalade du conflit intercommunautaire qui a culminé avec la guerre de 1948.

Le plan de partition de l'ONU (1947)
Dans un contexte de tensions croissantes entre les communautés juives et arabes, et face à l'incapacité de la Grande-Bretagne à gérer la situation, l'Assemblée générale des Nations unies adopta le 29 novembre 1947 la résolution 181, également appelée «Plan de partition de la Palestine». Celui-ci proposait de diviser le territoire de l'ancien mandat britannique en deux États indépendants: un État juif et un État arabe, et de placer Jérusalem sous administration internationale (Assemblée générale des Nations unies, 1947). La communauté juive a accepté le plan, le considérant comme une reconnaissance internationale de son droit à l'autodétermination et à la création d'un État national. Pour les Arabes, en revanche, le plan était perçu comme profondément injuste: la proportion du territoire allouée à l'État juif semblait disproportionnée par rapport à la population locale (56,47 % pour Israël, 42,88 % pour la Palestine), et la décision de l'ONU a été interprétée comme une violation des droits des Palestiniens à déterminer leur avenir sur leur terre (Khalidi, 2003). Cette divergence fondamentale entre l'acceptation juive et le rejet arabe du plan a été le déclencheur immédiat des violences intercommunautaires qui ont précédé la guerre israélo-arabe de 1948, marquant ainsi le début d'un conflit militaire et politique de longue durée.

La création de l'État d'Israël (1948) et la première guerre israélo-arabe
Le 14 mai 1948, les dirigeants juifs ont proclamé l'indépendance de l'État d'Israël, conformément au plan de partition de l'ONU, et en réponse à l'impossibilité de mettre en œuvre une solution négociée avec la population arabe locale (Morris, 2009). Immédiatement après, les États arabes voisins (l'Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban et l'Irak) ont lancé une invasion militaire, marquant le début de la première guerre israélo-arabe. Le conflit a combiné des actions militaires et des violences intercommunautaires entre les populations juives et arabes de l'ancien mandat britannique. Le résultat de cette guerre a été complexe: Israël a étendu son territoire au-delà des limites prévues par le plan de l'ONU. Environ 700 000 Palestiniens ont été contraints de quitter leurs foyers, un phénomène connu sous le nom de «Nakba» (Catastrophe), et sont devenus des réfugiés dans les États arabes voisins ainsi que dans les zones non occupées de la Palestine (Khalidi, 2003). Ces événements ont établi un modèle de conflit de longue durée, caractérisé par des revendications territoriales irréconciliables, des réfugiés sans possibilité de retour et des tensions politiques et militaires entre Israël et ses voisins arabes. Tous ces éléments sont encore observables aujourd'hui. Voici les conséquences de nombreuses hésitations et échecs diplomatiques.

La question des réfugiés palestiniens et les pertes humaines importantes
Le conflit a provoqué un afflux massif de réfugiés. Depuis la Nakba de 1948, des millions de Palestiniens ont été contraints de quitter leurs foyers et vivent encore aujourd'hui dans des camps de réfugiés dans les États arabes voisins, en Cisjordanie et à Gaza. La question du droit au retour reste toujours en suspens, alimentant les tensions politiques et sociales dans la région (Khalidi, 2006). Les guerres et les violences répétées, notamment les conflits de 1948, 1967 et 1973, ainsi que les deux Intifadas, ont fait des centaines de milliers de victimes civiles et militaires. Ces pertes ont profondément affecté la structure sociale et la cohésion des communautés concernées, laissant des traumatismes durables dans la mémoire collective des deux parties (Morris, 2003).

Tensions politiques et militaires permanentes
Les rivalités entre Israël et les États arabes voisins, ainsi que les conflits internes entre les factions palestiniennes (Fatah et Hamas), ont perpétué l'instabilité régionale. Cette situation continue d'empêcher la mise en place d'un cadre politique stable et propice à un accord de paix durable (Sayegh, 1997).

La question de Jérusalem et l'échec des processus de paix
Le statut de la ville reste extrêmement controversé. Sacrée pour le judaïsme, l'islam et le christianisme, la ville est au cœur d'un conflit de longue date concernant le contrôle de ses lieux saints. Toute proposition visant à résoudre la question du statut de Jérusalem est immédiatement contestée, ce qui fait de la ville un point névralgique du conflit (Benvenisti, 2000). De nombreuses tentatives internationales, telles que les accords d'Oslo (1993-1995), la conférence de Camp David (2000) ou encore la Feuille de Route (2003), n'ont pas permis d'aboutir à une solution durable. Les problèmes fondamentaux de la région, à savoir le territoire, les réfugiés et le statut de Jérusalem, n'ont pas trouvé de solution, ce qui maintient le conflit ouvert et tendu. Le conflit a polarisé le monde arabe et entraîné l'implication constante des grandes puissances. Il est devenu un symbole des rivalités entre nationalisme, religion et géopolitique aux XXe et XXIe siècles, influençant la politique internationale et les relations diplomatiques à l'échelle mondiale (Smith, 2010).

La région du Moyen-Orient
En raison de la complexité des revendications historiques, religieuses et nationales, ainsi que des problèmes démographiques et géopolitiques, le conflit israélo-palestinien ne peut pas trouver de solution simple ou viable. Les propositions de retrait d'un État ou de cession de territoires sont extrêmement difficiles à mettre en œuvre, car elles impliqueraient de renoncer à des droits fondamentaux considérés comme essentiels par les deux parties. Cette rigidité structurelle fait de ce conflit un conflit essentiellement durable, dans lequel les compromis sont difficiles à trouver et les tensions permanentes (Morris, 2001; Khalidi, 2006).
La tragédie de ce conflit perpétuel
En fin de compte, la tragédie de ce territoire ne réside pas dans un seul mandat, une seule conférence ou une seule déclaration, mais dans la succession ininterrompue d'empires qui l'ont considéré comme une monnaie d'échange plutôt que comme le lieu de vie des Palestiniens. Les réformes ottomanes ont déplacé les populations bien avant la politique coloniale britannique ou l'immigration sioniste. Les diplomates britanniques et français ont divisé la région sans se soucier de ses habitants, tandis que les puissances ultérieures ont continué à instrumentaliser le conflit à leur avantage. Réduire l'impasse actuelle à un récit commode de culpabilité, qu'il s'agisse de la Grande-Bretagne, des sionistes ou de quiconque d'autre, revient à ignorer l'histoire plus profonde et plus complexe de spoliation et d'exploitation. Ce qui persiste à travers les siècles, ce n'est pas la justice d'un empire ou d'un autre, mais la souffrance des gens ordinaires qui ont payé le prix des ambitions impériales. Telle est la réalité, aussi vraie que dérangeante: derrière chaque nouveau «protecteur» se cache une longue histoire de pouvoir, de profit et de manipulation, tandis que les voix des personnes les plus touchées sont, une fois de plus, réduites au silence.
Bibliographie
1. Résolution 181 (II) de l’Assemblée générale de l’ONU, le 29 novembre 1947: Gouvernement futur de la Palestine.
2. Bauer, Yehuda, Repenser l’Holocauste, Éd. Autrement, Paris, 2002;
3. Fischbach, M. R., Records of Dispossession - Palestinian Refugee Property and the Arab - Israeli Conflict, Columbia University Press, 2000 (pas traduit en francais);
4. Friedländer, S., Les années d’extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs (1939-1945), Éd. Points, 2012;
5. Herzl, T., L’État des Juifs, Éd. Lipschutz, Paris, 1926;
6. Khalidi, R., L’Identité Palestinienne: la construction d’une conscience nationale moderne, Éd. La Fabrique editions, 2003.
7. Khalidi, R., The Iron Cage: the story of the Palestinian struggle for statehood, Beacon Press, 2006 (pas traduit en français).
8. Laqueur, W., Histoire du sionisme, éd. Gallimard, 1994;
9. Morris, B., Righteous victims: A History of Zionist – Arab Conflict, Vintage Books, 2001 (pas traduit en francais);
10. Morris, B., A history of first Arab – Israeli War, Yale University Press, 2009 (pas traduit en francais);
11. Pappé, I., Le nettoyage ethnique de la Palestine, Éd. La Fabrique editions, 2024;
12. Porath, Y., The Emergence of the Palestinian-Arab National Movement, 1918-1929, Frank Cass, 1974 (pas traduit en francais);
Sayegh, F. A.: Le conflit israélo-arabe, tensions permanentes, 1922-1980. Yale University Press, 1997 (pas traduit en francais);
14. Segev, T., One Palestina complete: Jews and Arabs Under British Mandate, Ed. Holt Paperbacks, 2000 (pas traduit en francais);
15. Shapira, A., Israel: A History, Ed. Brandeis University Press, 2012 (pas traduit en francais);
16. Shlaim, A., Le mur de fer: Israël et le monde arabe, éd. Paris Buchet Chastel DL, 2007.
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