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JOURNAL DE L’OBSCURITÉ – DANS LE CŒUR DE CALCAIRE DE LA ROUMANIE

Dernière mise à jour : 23 août

Au cours de l'été 1997, j'ai eu le privilège rare de devenir, ne serait-ce que pour quelques jours, un spéléologue à part entière. Armé d'une caméra vidéo et d'une curiosité sans bornes, je suis parti à l'aventure sous terre pour Europa Nova, une chaîne de télévision de Bucarest, dans le cadre d'un vaste programme de développement durable des régions karstiques de Roumanie. Plus qu'un reportage, c'est une initiation aux mystères du calcaire, en compagnie d'une équipe internationale de spéléologues et d'explorateurs venus de France, de Belgique et de Suisse. Des gens habitués à se rendre là où la lumière n'arrive pas, à travailler avec la carte cachée de la Terre et à converser avec le silence froid de l'abîme.


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Stalactites et stalagmites

L'expédition commence symboliquement devant le ministère du Tourisme de Roumanie, à Bucarest, qui devient alors une sorte de porte d'entrée vers un monde qui n'apparaît pas dans les brochures habituelles, mais qui préserve l'un des plus grands trésors naturels du pays: la «Grotte du Vent» («Peştera Vântului», en roumain). Celle-ci est la plus longue grotte de Roumanie et se cache dans le «Massif Foret du Prince» («Pădurea Craiului» en roumain), au cœur des Carpates occidentales. Avec ses plus de 52 kilomètres de galeries cartographiées et son système labyrinthique qui rivalise avec une ville souterraine, cette grotte est une véritable cathédrale de pierre et d'obscurité. On y accède depuis les environs de la ville de Șuncuiuș, dans le département de Bihor, une région qui offre de nombreuses autres attractions touristiques: des sentiers de randonnée spectaculaires, des voies d'escalade et d'autres grottes ouvertes au public, telles que la «Grotte du Hongrois» («Peştera Ungurului» en roumain) ou la «Grotte du Vieil Homme» («Peştera Bătrânului» en roumain).


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Formations calcaires dans la grotte

Surnommée «Le Vent» par les connaisseurs, elle est réservée aux initiés. Ici, je ne descends pas seulement dans les couches géologiques, mais aussi dans mes propres profondeurs. Je ne me contente pas de voir, je sens: l'humidité de l'air, l'écho de mes pas sur l'argile froide, le bruissement de l'air qui semble parfois murmurer des histoires vieilles de plusieurs milliers d'années. C'est un lieu où le temps se dilate et où l'orientation devient un exercice d'immobilité et de lucidité. Pour moi, c'est comme entrer dans un organisme vivant, avec des veines de calcaire et des cœurs cachés sous d'immenses salles. Je filme des cascades souterraines, des dentelles délicates, mais aussi des passages si étroits que seul le courage nous pousse à avancer. C'est un voyage initiatique, mais aussi un exercice d'humilité face à la nature. C'est ainsi que commence mon histoire des profondeurs. Non pas en tant que simple touriste, mais en tant que témoin et scribe d'un monde invisible, où la lumière de nos phares frontales est le seul soleil possible et où la carte se dessine étape par étape, avec patience et précision.


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À travers la Roumanie sur les traces d'une carte vivante

Notre voyage dans les profondeurs du Massif «Foret du Prince» commence à la surface, sur la route européenne E81, une épine dorsale qui traverse la Roumanie du sud au nord, en passant par le cœur géographique et historique du pays. Nous parcourons 553 kilomètres en 12 heures - un temps dilaté de petites haltes, de longs regards et d'histoires de lieux qui ne demandent qu'à être racontées. Je suis le guide de l'expédition, non seulement parce que je tiens la carte à la main, mais aussi parce que la géographie a toujours été ma deuxième langue et l'histoire mon alphabet intérieur. Alors, au fur et à mesure que le minibus avance, je tisse un fil narratif avec tous les fils visibles et invisibles du voyage.


L'ancien boulevard «Victoire du socialisme» et le Palais du Parlement (ex-«Maison du peuple» de Ceaușescu) à Bucarest.
L'ancien boulevard «Victoire du socialisme» et le Palais du Parlement (ex-«Maison du peuple» de Ceaușescu) à Bucarest.

Nous quittons Bucarest de bonne heure, laissant derrière nous l'agitation de la ville, et nous roulons dans la région de Muntenia, encore endormie. Nous traversons ensuite la rivière Olt et entrons dans les collines de la région d'Oltenia. À Pitesti, une ville parfumée de chrysanthèmes industriels, nous faisons notre première halte, puis nous traversons les gorges de l'Olt, comme à travers un tunnel de roches et de végétation, une passerelle entre plusieurs mondes.


Pitești - renommée pour son festival symphonique des tulipes, une célébration vibrante du printemps.
Pitești - renommée pour son festival symphonique des tulipes, une célébration vibrante du printemps.

Râmnicu-Vâlcea, une merveilleuse ville rustique nichée entre des collines ondulantes et des forêts aux parfums de tilleul et de terre verte, s'en suit. Ses vieilles maisons aux porches en bois et aux vignes suspendues aux gouttières semblent murmurer des histoires d'un autre temps. Les eaux de l'Olt coulent doucement à proximité, comme un cœur tranquille qui bat au rythme paisible des lieux. Les matins d'été, les brumes descendent doucement sur la ville et les cloches des anciennes églises tissent le temps avec la prière. C'est un lieu où le passé et le présent se serrent la main en silence, sous un ciel nuageux, comme des ailes oubliées.


Râmnicu Vâlcea est une belle ville du centre-sud de la Roumanie.
Râmnicu Vâlcea est une belle ville du centre-sud de la Roumanie.

Plus loin, Sibiu nous accueille comme une forteresse silencieuse, avec ses flèches gothiques et ses toits qui vous dominent. Sibiu rivalise en beauté avec les villes magnifiques que nous avons visitées en Europe - un joyau de la Transylvanie, avec ses ruelles pavées qui semblent avoir été dessinées par un peintre amoureux du détail. Les vieilles tours veillent sur les toits roux, et les yeux des maisons du vieux centre semblent vous regarder avec une douce curiosité. La Grand-Place palpite de vie et d'histoire, et le soir, la lumière des lanternes fait fondre les murs dans un mélange d'or et de nostalgie. Ici, le temps n'est pas pressé, il n'est que flâneries, souvenirs et pas de rêve.


Sibiu est l'une des villes les plus charmantes de Roumanie, un joyau culturel au cœur de la région de Transylvanie.
Sibiu est l'une des villes les plus charmantes de Roumanie, un joyau culturel au cœur de la région de Transylvanie.

Nous arrivons ensuite à Alba Iulia, la «ville de l'Unification». Ancienne forteresse roumaine, est un lieu empreint d'âme et d'histoire, où les pas résonnent sur les traces des ancêtres. Ici, le passé revit à travers les murs imposants de la forteresse d'Alba Carolina, les remparts, les portes sculptées et les ruelles qui mènent au cœur de l'histoire nationale. C'est un lieu où l'on peut errer pendant des semaines sans épuiser ses trésors, de la cathédrale du Couronnement à la salle de l'Union, en passant par la cérémonie de relève solennelle de la garde. Sous chaque pierre semble dormir une légende et l'air porte les échos des serments de dignité et de liberté.


Alba Iulia est le chef-lieu du département d'Alba et un symbole de l'identité nationale roumaine.
Alba Iulia est le chef-lieu du département d'Alba et un symbole de l'identité nationale roumaine.

Une autre ville, Turda, se dresse sur notre route. Elle nous apparaît comme une fenêtre ouverte sur les sous-sols de la Terre: si la Grotte du Vent nous attend cachée dans les montagnes, la Salina nous offre déjà un avant-goût, une première descente symbolique dans le monde silencieux des profondeurs. Elle monte la garde aux portes du passé et nous rappelle qu'un voyage ici est une descente dans les entrailles de la terre et de l'histoire. Chaque pas dans les profondeurs nous fait traverser des galeries de sel creusées méticuleusement par des générations, où le temps semble s'être arrêté. Aujourd'hui, la Salina, qui a également une fonction thérapeutique, est une véritable cathédrale souterraine, un lieu de tranquillité, d'émerveillement et de répit au cœur de la Transylvanie.


Salina Turda est l'une des attractions souterraines les plus spectaculaires au monde: une ancienne mine de sel transformée en parc d'attractions et musée aux allures surréalistes, au cœur de la Transylvanie.
Salina Turda est l'une des attractions souterraines les plus spectaculaires au monde: une ancienne mine de sel transformée en parc d'attractions et musée aux allures surréalistes, au cœur de la Transylvanie.

Notre prochaine étape est Cluj-Napoca, la capitale culturelle et universitaire du pays. Nous y passons la nuit à nous préparer pour le lendemain, jour où nous pénétrerons dans l'obscurité vivante de la plus longue grotte de Roumanie. Tout au long du voyage, nous avons appris que la carte n'est pas une feuille, mais un poème en relief, et que la Roumanie est un texte sans fin de collines, de rivières et de villes qui racontent leur histoire à qui veut bien les écouter.


Cluj-Napoca est la capitale officieuse de la Transylvanie, ainsi que l'une des villes les plus dynamiques, jeunes et culturelles de Roumanie.
Cluj-Napoca est la capitale officieuse de la Transylvanie, ainsi que l'une des villes les plus dynamiques, jeunes et culturelles de Roumanie.

Au pied du massif de la Forêt du Prince Craiului, à proximité de la rivière Criș Repede.

Şuncuiuş. Un nom qui évoque la tranquillité, les vieux bois et l'eau qui coule. Situé au pied de la forêt de Craiului, le village semble veiller silencieusement et patiemment sur le cours moyen de la rivière Crișul Repede. Cette dernière le traverse comme une artère vivante, modelant son relief tout en étant sa raison d'être.


Enfin, la vallée de Făgetului déverse ses eaux comme un épilogue mélancolique, au gré des caprices du ciel, car le débit de tous ces affluents varie en fonction des pluies, de la fonte des neiges et des saisons.
Enfin, la vallée de Făgetului déverse ses eaux comme un épilogue mélancolique, au gré des caprices du ciel, car le débit de tous ces affluents varie en fonction des pluies, de la fonte des neiges et des saisons.

Voyager ici, c'est passer du tumulte à la retraite. En remontant le cours de la Criș, on découvre les histoires des sources et des ruisseaux qui descendent des montagnes, chacun avec son propre nom, comme les chapitres d'un roman de pierre et d'eau.


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Pour les spéléologues, les géographes et les voyageurs rêveurs, ces eaux ne sont pas de simples apports hydrographiques: ce sont les fils invisibles d'une tapisserie karstique qui alimentent le sous-sol, remplissent les galeries, érodent le calcaire et créent des grottes. Ainsi, Șuncuiuș n'est plus un simple point sur la carte, mais une passerelle entre deux mondes: celui de la surface, avec la lumière qui se reflète dans les vagues, et celui d'en bas, où se trouve la grotte du vent, avec son souffle froid et éternel.


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La soirée avant la descente: truites, légendes et promesses souterraines

Après de longues heures de voyage et une fascination géographique pour la route, nous atteignons enfin Șuncuiuș et nous installons dans une maison d'hôtes confortable, entourée par la forêt dense du massif. L'air est pur, humide et frais, signe que les montagnes sont proches et que la rivière Crișul Repede murmure, comme une promesse.


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Nous passons la soirée dans un élevage de truites exceptionnel, nommé Soimuș, caché dans les collines et gâté par les eaux fraîches de la vallée. Sous une voûte d'étoiles qui semble refléter les constellations souterraines de la grotte qui nous attend, nous sommes accueillis par un guide local à la voix calme et aux yeux qui semblent avoir vu plus qu'il n'en dit. Alors que la truite fraîchement pêchée grésille dans la poêle et que la vapeur se mêle à l'odeur du bois humide, il commence à nous parler des lieux que nous explorerons le lendemain. Il ne se contente pas de nous communiquer des informations techniques, mais nous raconte également des légendes.


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Chaque histoire semble ouvrir une porte. Nous nous regardons les uns les autres avec une impatience contenue. Nous commençons à ressentir le frisson de l'initiation, non pas en tant que touristes, mais en tant qu'appelés. La nuit tombe lentement et nous avons l'impression d'être exactement entre deux mondes, à la frontière entre le réel et le mystérieux. Le lendemain, nous descendrons, non pas seulement dans une grotte, mais dans une autre façon d'être.


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Quand la terre respire

Nous sommes devant l'entrée. Ce n'est pas celle d'une grotte ouverte au public avec des grilles et des ampoules jaunes, mais une trappe industrielle métallique, rouillée sur les bords, enfoncée dans le sol. Elle ressemble davantage à un canal d'une ville oubliée qu'à l'entrée d'un temple souterrain. C'est sobre, sans fioritures, fonctionnel, et c'est précisément ce qui la rend si troublante. Des spéléologues, des hommes aux gestes sûrs et au regard tranquille, nous remettent des combinaisons en tissu épais aux couleurs criardes — orange, rouge, jaune phosphorescent — qui semblent hurler contre l'obscurité qui nous attend. Nous recevons des lampes à carbure que nous fixons avec des gestes instables à nos casques. Chaque flamme allumée éclaire une parcelle de l'inconnu. L'odeur du carbure est âcre, minérale, non humaine — une combinaison de pierre mouillée, de métal chaud et de souterrain. C'est comme si elle creusait directement dans notre cerveau un souvenir qui ne nous appartient pas, un sens ancien des profondeurs. La tension monte dans la poitrine, mais paradoxalement, à mesure que l'on s'approche de l'entrée, elle se dissipe; le lieu impose sa présence par un silence de catacombe.


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L’entrée dans la Grotte du Vent

La descente commence. Devant nous se dresse un escalier étroit et glissant qui semble se perdre dans le ventre de la montagne. Je m'apprête à marcher quand soudain, un vent violent surgit de l'abîme. Une rafale presque furieuse m'arrache l'appareil photo des mains, comme un animal vivant qui se débat pour rester enfermé. Je m'agrippe instinctivement au bord de la trappe. L'air qui entre est froid, tourbillonnant, accompagné d'un sifflement prolongé, semblable à un souffle venu d'un autre monde. Nous n'avons pas l'impression de pénétrer dans une grotte, mais d'approcher l'œil d'un cyclone ou la bouche d'une tempête emprisonnée dans la pierre. Je respire profondément. La dernière bouffée d'air à la surface. À partir d'ici, il n'y a plus de lumière du jour, plus d'horizon, plus de ciel. Il n'y a plus que l'obscurité, la pierre et le bruit de nos pas dans notre propre inconnu. Descente. Doucement, doucement. C'est parti.



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La beauté qui ne connaît pas la lumière

Nous marchons — ou plutôt rampons — dans l'obscurité la plus totale. Ce n'est pas une métaphore. C'est un noir absolu, une absence totale de toute source de lumière, qui fait que même les flammes de nos lampes à carbure paraissent timides, telles des lucioles effrayées. La première partie du parcours est basse: une galerie humide et étroite nous oblige à avancer presque à tâtons dans une boue visqueuse et brillante dont la consistance se situe quelque part entre l'argile et la soie grossière. Je la vois scintiller dans la lueur jaune de la flamme, mais je ne la sens pas; la combinaison de protection est comme une seconde peau, m'isolant de tout désagrément et amplifiant le charme étrange du voyage. La boue devient un décor, pas un obstacle, un miroir liquide de la terre elle-même. Nous continuons ensuite à travers une succession de salles et de galeries, chacune ayant sa propre personnalité, ses propres formes, ses ombres et ses silences. On ne peut ni les compter ni les comprendre; on les traverse avec l'étonnement du visiteur qui sait qu'il ne voit que des fragments d'un vaste continent souterrain. Nous ne parcourons que 200 mètres, mais nous avons déjà l'impression d'être entrés dans une autre dimension. Pourtant, la Grotte du Vent compte 52 kilomètres de galeries cartographiées: tout un monde caché dans les entrailles de la Roumanie, qui reste même inexploré pour les spéléologues les plus expérimentés. Nous ne sommes que de simples tremplins temporaires au cœur d'une éternité calcaire. Et tout ce que nous pouvons faire, c'est regarder, garder le silence et avancer, un mètre, un miracle à la fois.


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La cathédrale de pierre et les miroirs des profondeurs

C'est ici que le mystère commence. La grande salle s'ouvre comme une cathédrale gothique sculptée par le temps, avec de hautes voûtes qui semblent respirer et des murs qui renvoient l'écho des premiers pas. Le courant froid traverse les lieux comme une voix ancienne, le souffle de la grotte, son pouls caché. C'est le cœur qui bat à l'insu de tous. Le silence de la salle des lacs se noie dans des eaux froides et claires, des lacs souterrains qui ne reflètent pas le ciel, mais les pensées. Miroirs de la terre. Les lumières des lanternes s'y adoucissent et nos ombres se dissolvent en cercles liquides. L'eau coule lentement, presque rituellement, murmurant les noms de ceux qui sont passés.


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Le rituel infini de l'eau et la colonne solitaire

Nous entrons dans la «Salle Active», où la pierre ne dort jamais. Ici, la rivière souterraine travaille sans relâche, polissant le calcaire goutte à goutte, millénaire après millénaire. Le son de l'eau qui coule est grave et apaisant, semblable à une prière dans une langue que l'on ne comprend qu'avec une partie de son âme. Après une vingtaine de mètres, la galerie s'élargit et devant nous apparaît «Torpila», une imposante formation calcaire verticale et étrangement parfaite, sculptée par le temps et l'eau. Elle est d'une beauté brute, presque sauvage, comme une relique d'un monde qui n'aurait jamais connu l'œil humain. J'en ai le souffle coupé, non pas à cause de l'effort ou de la peur, mais par la beauté artificielle de ce colosse de pierre qui brille faiblement sous les gouttes qui ruissellent de son sommet. L'eau s'écoule en rythme du sommet, comme un métronome géologique, nous rappelant qu'elle est l'artiste silencieuse qui a sculpté tout cela goutte à goutte, pendant des milliers et des milliers d'années. C'est une stalagmite verticale parfaite, une colonne sacrée au milieu du silence. Au cœur de la grotte, on dirait une relique laissée par une civilisation disparue, qui n'avait pas besoin de lumière. L'eau qui coule du plafond la bénit patiemment, à l'image d'un artiste qui ne se presse jamais.


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La chambre des rêves pétrifiés et le mécanisme du monde souterrain

Nous entrons dans la «Salle des Merveilles», où la pierre rêve. Des rideaux translucides pendent du plafond tels des plis de nacre, des colonnes s'élèvent du sol telles des prières gelées et les stalactites ressemblent à des larmes de la terre, gelées avant de tomber. Ici, la beauté n'est pas destinée à l'œil, mais à l'émerveillement. La «Salle du Labyrinthe» est un espace qui ne se dévoile pas d'un seul coup, mais qui se déchiffre pas à pas. Un labyrinthe de galeries, un enchevêtrement de chemins sinueux et tortueux, à l'image d'un esprit qui rêve. Il est facile de s'y perdre, non seulement physiquement, mais aussi mentalement. C'est ici que la Terre écrit sa géométrie secrète.


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Le domaine non écrit

Les profondeurs suivent, là où les galeries n'ont pas encore été tracées. Un espace inconnu, inconnaissable et inexploré. C'est là que la pierre reste silencieuse, attendant les pas du prochain rêveur. Le chemin du retour se déroule comme une vieille page de journal intime, pleine d'échos et de lumières dansant à travers les feuilles. J'arpente à nouveau les sentiers familiers, comme si je revenais aux pages d'un vieux livre d'aventures de la série «Les Cerisiers», où les héros Tic, Victor, l'Ours et Lucia s'élancent à nouveau vers les mystères de la Grotte Noire. Chaque virage porte l'empreinte du temps et le murmure de leurs pas; il me semble alors que je suis le réalisateur d'un film muet, avec leurs ombres projetées sur les parois de la forêt. Mes pensées se rassemblent en tourbillons lumineux, semblables à la lumière du soleil filtrée par les branches, qui sont des guides invisibles dans le labyrinthe de mon esprit. Chaque souffle de vent apporte avec lui le parfum de l'aventure et la promesse d'histoires inexplorées. Je me sens osciller entre le présent et le passé, entre la réalité et le conte de fées, et j'ai l'impression que la forêt tout entière respire au rythme de mon cœur. C'est un voyage qui se termine pour mieux recommencer, comme un livre ouvert qui attend d'être feuilleté encore et encore.


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Le film que j'y avais réalisé s'est perdu dans l'obscurité de mon départ pour la Nouvelle-Zélande, à la rencontre d'une nouvelle vie, inconnue et prometteuse. Il n'en restait qu'une pâle copie, l'ombre d'un souvenir: une cassette VHS sans voix, sans murmure. J'ai fait revivre cette dernière avec une musique d'ambiance, comme un murmure des mystères de la grotte. Vous pourrez découvrir ce réenregistrement fragile à la fin de cet article, accompagné d'images modernes et lumineuses du cœur de la grotte, où l'obscurité devient la scène et le mystère s'anime. Dans un prochain numéro de ce journal, je vous emmènerai avec moi à la découverte de la «Grotte des Forteresses» et de la «Grotte de l'Ours», deux autres sanctuaires souterrains cachés dans le même périmètre, où le temps semble s'arrêter pour écouter. D'ici là, je vous invite à lire et à rêver de ces mondes souterrains, ces temples silencieux où l'écho du son se répercute comme une caresse englobant chaque recoin d'ombre, chaque galerie secrète, chaque âme qui se promène dans les profondeurs.




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