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LA MAISON PENCHÉE

Dernière mise à jour : 23 août

Il existe aujourd'hui en France un endroit où le sens de l'équilibre des gens ne fonctionne plus. Même les lois de la physique telles que nous les connaissons depuis l'école semblent bafouées. Cette place se situe dans la commune de Modane, en Savoie. Son nom: la Maison Penchée.


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Ce nom est toutefois trompeur, car il n'a jamais été une véritable maison d'habitation. Il s'agit en réalité d'une construction militaire érigée en 1939 afin de surveiller l'entrée du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis. Inauguré en 1871, celui-ci était un ouvrage emblématique qui a relié la France et l'Italie, marquant une avancée majeure dans le transport ferroviaire alpin. Cependant, à l'approche de la Seconde Guerre mondiale, la France et l'Italie se retrouvent dans des camps opposés et l'Italie ne cache pas ses intentions de reprendre certains territoires à la France, dont la Savoie. C'est pourquoi il était nécessaire de disposer d'un point de surveillance et de soutien de tir en cas d'invasion italienne.


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Sa fondation était en effet ce que les militaires nomment un «magasin à poudre» ou «poudrière», c'est-à-dire un dépôt de munitions. Mais en 1944, avant de se retirer de la zone, les troupes allemandes l'ont dynamité en utilisant deux wagons remplis d'explosifs. L'explosion aurait dû détruire le bâtiment et l'entrée du tunnel. Extrêmement solide, le bâtiment a encaissé le pouvoir de l'explosion sans être détruit, sauvant ainsi le tunnel. En revanche, il a été projeté à plus de dix mètres de hauteur, puis, en tombant, il s'est incrusté dans le sol, prenant la configuration qu'on lui connaît aujourd'hui.


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Cette forme aurait suffi à elle seule à faire de ce bâtiment une attraction touristique. Mais en plus, les autorités locales ont donné leur accord pour que des artistes de street art exercent leur art sur les parois du bâtiment. Cette initiative a dérangé une très petite minorité, mais a été perçue comme enrichissante et envoûtante par la majorité. Nous faisions partie de cette deuxième catégorie, car des murs vides, sans aucun dessin, le gris du béton, cela aurait été trop triste. Les couleurs, en revanche, lui donnent un coup de joie.


En haut: avant le coloriage. En bas: après le coloriage (visite de 2023).
En haut: avant le coloriage. En bas: après le coloriage (visite de 2023).

Les visites de 2023

Je m'y suis rendue deux fois en 2023: la première fois avec Vlad, mon fils cadet, puis nous y sommes retournés quelques jours plus tard avec Radu, son grand frère. Nous ne pouvions en effet pas laisser Radu ne pas découvrir lui aussi ce joyau architectural créé involontairement par des militaires d’antan! D'autant qu'il n'y a rien à payer pour la visiter. Oui, l'entrée et la visite sont totalement gratuites, mais je suis sûre qu'elle aurait connu le succès, même en cas de paiement. Notons également que Radu, féru d'escalade, a également grimpé dans la «tourelle» de la maison.


À gauche, Vlad en bas et Radu en haut.
À gauche, Vlad en bas et Radu en haut.

À chaque fois, nous avons commencé la visite par l'entrée principale, en nous déplaçant tout au long du couloir principal qui permettait d'accéder à chacune des chambres du bâtiment. Les sensations que nous avons eues ont été terribles: dans nos têtes, nous pensions être bel et bien en position bipède, parfaitement droite, la position normale, quoi? Or, la réalité physique nous disait que nous étions penchés vers la gauche ou la droite. Un total bouleversement et une sensation similaire à celle d'un vertige.


Dans le couloir, pour s’habituer.
Dans le couloir, pour s’habituer.

Nous sommes donc entrées par la porte principale et nous avons passé un moment dans le couloir pour nous habituer. Puis, nous sommes entrées dans les chambres, car les sensations y étaient encore plus fortes qu'au couloir étroit où l'on pouvait toucher les parois en tendant les mains. Cependant, se déplacer d'un coin à l'autre d'une chambre était une véritable aventure.


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Et pourtant, certains entrent directement dans les chambres par les fenêtres. Vlad en faisait partie, car il était curieux de connaître les sensations provoquées par cette route. Autant dire qu'il n'a pas été déçu.


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À son tour, Radu a tenté l'expérience de rentrer directement par la fenêtre dans une chambre afin de ressentir plus fortement la perte de sens de l'équilibre. «C'était sympa, mais pas plus», a-t-il dit, estimant que les sensations étaient les mêmes que l'on rentre par le couloir principal ou par une fenêtre.


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Combien de temps avons-nous passé à l’intérieur de «Maison Penchée», je ne saurais le dire. Quand nous en sommes sortis, nous avions la tête qui tournait dans toutes les directions, essayant de nous reconnecter à la réalité d'un terrain plat. Heureusement, la voiture avait été garée à quelques dizaines de mètres, ce qui nous a laissé le temps de récupérer l'usage de notre sens de l'équilibre. En partant, nous l'avons regardée une dernière fois, en promettant de revenir.


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2025 – Promesse Tenue

Deux ans plus tard, nous sommes venus en vacances à Aussois, un village situé à proximité de la commune de Modane et de sa «Maison Penchée». Bien sûr, la visiter a été au programme. Elle est toujours là, toujours recouverte de ses dessins réalisés en graffitis et toujours aussi accueillante. La pluie, les orages, la neige, voire le réchauffement climatique, ne lui enlèvent rien de son charme et de sa particularité. Nous venons vers elle avec émotion et la joie de retrouver un ami que nous n'avions pas vu en «présentiel» depuis trop longtemps.


2025. En haut: moi, Angelo, et Vlad à gauche. En bas: Radu.
2025. En haut: moi, Angelo, et Vlad à gauche. En bas: Radu.

Deux années se sont écoulées depuis notre dernière visite. Deux années pleines de nouvelles expériences: la fin des études et l'embauche de Radu, la majorité pour Vlad. Nous pénétrons à l'intérieur avec beaucoup de questions: aurions-nous à retrouver les mêmes sensations d’antan? La perte de sens de l'équilibre, le vertige? La nécessité de toucher les murs pour retrouver une sensation de stabilité?


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Pas de souci: tout est là. Rien n’a changé. Heureusement. Nous nous donnons donc à cœur joie de gambader dans les couloirs et les chambres, et de retrouver les sensations d'antan.


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Puis vite, trop vite, vient le moment de partir. D'ici, de la «Maison Penchée», et un peu plus tard, de la montagne, car demain est notre dernière journée de vacances. Pas grave: nous savons déjà que nous reviendrons l'année prochaine pour retrouver notre bien-aimé massif de la Vanoise, mais aussi cette merveilleuse «Maison Penchée».


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