ORERE FALLS, OÙ LA TERRE RÊVE LES YEUX OUVERTS
- angelogeorge988
- 23 août
- 3 min de lecture
À la limite est de la région d'Auckland, là où la route serpente tranquillement à travers les collines et où le réseau téléphonique commence à faiblir, se trouve Orere Falls. Cette destination ne crie pas, mais vous appelle dans un murmure. Ici, la rivière Waiora se jette par-dessus un rocher bas, telle une femme qui détache ses cheveux en silence, et la forêt environnante semble respirer une lumière verte filtrée par le feuillage et le temps.

Comment s'y rendre et ce que vous y trouverez
Les chutes d'Orere se trouvent à environ 60-70 minutes en voiture du centre-ville d'Auckland, sur la route menant à Clevedon, puis à la côte est de la Nouvelle-Zélande. Après avoir traversé des paysages agricoles et des forêts, vous arriverez dans une zone semi-sauvage où la route se termine par un petit parking, à proximité de l'entrée du site. Le village voisin, Orere Point, possède une plage tranquille à l'estuaire, idéale pour se promener à marée basse et ramasser des coquillages. Vous trouverez également un camping simple (Orere Point Top 10 Campground) où vous pourrez passer la nuit en écoutant les grillons et le bruit de la mer. La région est idéale pour la pêche, l'observation des oiseaux (tūī, kererū et pīwakawaka) et l'exploration du paysage rural néo-zélandais, épargné par la frénésie urbaine.

Le sentier menant à la cascade est court et facile à parcourir (environ 10 minutes de marche légère) et traverse une zone boisée peuplée de fougères géantes (ponga), de buissons de kawakawa aux feuilles en forme de cœur et d'arbres rimu qui craquent mystérieusement sous l'effet du vent. C'est un endroit idéal pour les familles, les excursions d'une journée, les pique-niques ou tout simplement pour se ressourcer.

La légende de Hinewai, la gardienne des eaux curatives
Dans les anciens contes maoris, cette cascade était connue sous le nom de Te Wai Hinewai, « l'eau de la femme qui purifie ». Hinewai, une créature wairua (esprit), était autrefois une tohunga rongoā, une guérisseuse qui connaissait tous les secrets des plantes. Après sa mort, son esprit n'a pas quitté la région, mais s'est fondu dans les eaux de la rivière qui coule sur la roche, exactement à l'endroit où elle avait l'habitude de cueillir du harakeke (ou lin de Nouvelle-Zélande) pour préparer ses remèdes. On dit qu'en touchant l'eau au pied de la cascade avec les paumes jointes et en pensant à une douleur (physique ou émotionnelle), Hinewai en prendrait une partie. Pas toute, car la douleur, comme l'eau, doit s'écouler, mais suffisamment pour que vous puissiez vous relever et aller de l'avant.

Entre ciel et pierre, un lieu suspendu
Orere Falls n'est pas impressionnante par sa hauteur — elle ne mesure que quelques mètres — mais l'atmosphère qui l'entoure en fait un lieu de recueillement. Le bruit de l'eau n'est pas assourdissant, mais apaisant, presque hypnotique. Vous pouvez vous asseoir sur l'une des pierres plates à proximité et regarder vers le bas, vers le miroir d'eau limpide où volent parfois des libellules bleues, les esprits gardiens du lieu selon les anciens iwi locaux. Parfois, à l'aube ou au crépuscule, entre la vapeur et les branches, vous pouvez apercevoir la silhouette d'une femme aux longs cheveux mouillés, vêtue d'une cape de feuilles et aux yeux verts comme la mousse : une apparition douce et solennelle. Elle ne parle pas, elle se contente de regarder, et on dit que seuls les enfants et ceux qui ont perdu quelque chose peuvent vraiment la voir.

Orere Falls n'est pas un site touristique, c'est une prière sous forme d'eau. Un lieu où la nature ne vous murmure pas ce que vous voulez entendre, mais ce dont vous avez besoin. Où la forêt est mémoire et l'eau est voix. Si vous collez votre oreille contre la pierre, vous entendrez peut-être le bruit de la rivière, mais aussi les battements du cœur d'une Aotearoa invisible et pourtant bien vivante.
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