VLAD, AU BAPTÊME DES ALPES

Mon fils cadet, Vlad, et moi avons découvert les magnifiques Alpes de France durant l'été 2023, en passant nos vacances à Saint-Colomban-des-Villards, au pied du massif de Belledonne. Ce fut également l'occasion pour Vlad de découvrir la randonnée en montagne, et de tomber amoureux de ce milieu naturel avec ses rochers, ses pierres, ses lacs et ses alpages. Lisez ci-dessous le récit de sa première randonnée, celle qui a marqué le début de sa passion pour les Alpes et la montagne.

Vlad sur Col de la Balmette regardant le lac de Balmette.

Saint–Colomban-des-Villards

Située en Savoie, la commune de Saint-Colomban-des-Villards se trouve à mi-chemin entre la sortie 26 «Vallée des Villards» de l'autoroute A43 et le col du Glandon, un itinéraire très prisé des cyclistes. Située à 1 100 mètres d'altitude, à environ 20 minutes en voiture de l’autoroute, la commune est enserrée dans une chaîne de hauts sommets dont le Grand Truc et le pic de Frumezan qui la bordent. En hiver, la commune est l'une des portes d'entrée du domaine skiable des Sybelles.

À gauche: les Sybelles. À droite: en haut, le pic de Frumezan, et en bas, le Grand Truc.

En hiver, il est donc possible de pratiquer le ski et d'autres sports sur ce domaine adapté à tous les niveaux. Et en été, de nombreux sentiers pédestres permettent de découvrir des chalets d'alpage, des forêts, des lacs, des torrents et des sommets. De plus, la commune est constituée de plusieurs hameaux dont les maisons, serrées les unes contre les autres, ont réussi à conserver leur charme d'antan.

Parallèlement, la commune a su se doter d'infrastructures touristiques de qualité afin d'offrir un maximum de confort aux touristes, l’été comme l’hiver. Nous y avons séjourné pendant deux semaines et, depuis la fenêtre, nous avons pu admirer une vue que Vlad a qualifiée de digne d'une carte postale.

Une fois installés, nous partons immédiatement en balade pour que Vlad se familiarise avec ses nouvelles chaussures de randonnée, mais aussi pour découvrir la commune. Après y avoir flâné quelque temps, l'air de la montagne nous a ouvert l'appétit, que nous avons assouvi avec une délicieuse assiette de charcuteries locales. Vlad les ayant trouvées les meilleures qu'il ait jamais goûtées, nous avons décidé que les pique-niques que nous ferions lors de nos randonnées seraient basés sur ces produits exquis.

Nous reprenons ensuite notre balade et arrivons devant l'église du village. C'est là que se dresse «l'Arbre», un tilleul vieux de plusieurs centaines d'années. Un panneau nous apprend qu'il a été planté sous le règne d'Henri IV (1589 - 1610). En 1981, il a résisté à une avalanche qui a détruit la maison située derrière lui. Puis, en 2013, il a été désigné «Arbre remarquable de France», le seul de Savoie d'après les habitants du village.

Puis, direction notre logement pour bien nous reposer. Demain, nous partirons pour le trajet «Balmette»: ce sera le baptême des Alpes pour Vlad.

Trajet «Balmette»

Pour l'emprunter, nous prenons la «route forestière de Frumezan», qui part derrière l'église. Il s'agit d'une route goudronnée très étroite et un peu «cabossée» par endroits. Sa largeur ne permet pas à deux voitures circulant en sens opposé de se croiser simultanément, mais cela ne pose aucun problème: en règle générale, les gens montent le matin et redescendent l'après-midi. Sept kilomètres et demi et quatorze lacets plus loin, nous arrivons au terminus, au lieu-dit «Cabane de Frumezan» (1 840 mètres), où il est possible de se garer. Le chemin commence ici. Il est très bien balisé par des panneaux et par un sentier marqué par les pas des nombreux randonneurs qui l'ont emprunté.

Le trajet commence par une montée douce qui nous laisse le temps de nous habituer à l'effort tout en nous permettant d'admirer la Vallée de Villards depuis le haut. Cette partie est d'ailleurs appelée «Le Balcon de la Vallée des Villards». Plutôt douce, elle se termine au pied du pic de Frumezan, où Vlad doit se prête à une première séance photo — la première d'une longue série!

En poursuivant notre chemin, nous sommes arrivés devant un passage plutôt difficile: une avalanche de roches descendue du pic Frumezan. Pour accentuer le danger, la plupart de ces pierres étaient de formes et de dimensions diverses, présentaient des bords tranchants et se trouvaient dans un équilibre instable sur une pente. Il existe une voie de contournement qui facilite la traversée, mais Vlad refuse de l'emprunter. Il se donne même à cœur joie à traverser ce passage, allant même jusqu'à faire quelques allers-retours sur les pierres.

Vlad et son coup de foudre pour la pierre, pour «Sa Majesté le Rocher».

Heureusement, ce n'est pas fini: quelques centaines de mètres plus loin, nous entrons dans la «Combe de Balmette» et, une fois de plus, le sentier en terre se transforme en sentier de pierres. Même si elles ne sont pas aussi impressionnantes que les autres, nous prenons plaisir à les parcourir. Nous alternons ensuite les passages où nous marchons sur la terre et ceux où il y a plus de pierres sous nos pieds. Et pour couronner le tout, nous avançons sous le regard d'un bouquetin perché en sentinelle sur un rocher.

Le lac Balmettes apparaît alors sur notre route. Nous l'observons, émerveillés par ses couleurs, tout en passant à côté sans nous arrêter, en direction du col du même nom. C'est notre objectif de la journée, qui nous attire comme le fer attire l'aimant. Vlad se moque de moi en disant qu'il est disponible pour une séance photo avec le lac, et je lui réponds que nous en ferons une là-haut. Mais nous n'y arrivons pas tout de suite, car Vlad nous fait faire un détour: il a aperçu quelque chose de blanc au pied d'un rocher et veut aller voir de plus près. Je lui dis que c'est de la neige, et il me regarde, surpris: «De la neige, fin juillet?» Mais une fois arrivés, il constate de ses propres yeux qu'il y a bel et bien de la neige.

Et son émerveillement devant la montagne et ses merveilles ne peut que s'accroître. Si le détour nous a fait sortir du trajet, il nous a également rapprochés du col par une autre voie. Et quand nous y arrivons, la beauté du paysage nous coupe le souffle. Vlad s'assoit sur une pierre plate et large comme une chaise et contemple les pics et les montagnes qui nous entourent, envoûté par ces vues magnifiques. La fatigue due à la montée sur une pente plutôt abrupte et hors sentier disparaît comme si elle n'avait jamais existé. Ces images, ces vues resteront à jamais gravées dans sa tête et dans son cœur. Même s'il ne le dit pas, il est évident que son amour pour la montagne devient éternel à partir de cet instant.

Après un long moment, mais qui nous a semblé passer en un clin d’œil, nous entamons le chemin du retour. Vlad et moi avançons doucement, cherchant du regard les troupeaux de bouquetins que nous avions aperçus à l'aller. Comme pour ne pas décevoir, ils font leur apparition, seuls ou en groupe, pour boire, se nourrir ou peut-être simplement se balader devant nous. Ils sont plutôt timides et restent loin de nous; nous non plus ne cherchons pas à nous rapprocher davantage pour ne pas les déranger. L'alpage et le lac sont leur territoire, et nous ne sommes que des visiteurs qui devons respecter leurs hôtes.

Sur la chemin du retour, nous prenons également le temps d'observer et d'analyser des structures en bois et en métal qui ressemblent à des clôtures. C'est ainsi que nous les avons d'abord vues, avant de trouver une explication plus proche de la réalité: elles servent à protéger contre les avalanches.

Sur le chemin du retour, nous repassons devant le passage pierreux et, tout comme à l'aller, Vlad refuse d'emprunter le chemin de contournement. Toutefois, fatigué, il ne le parcourut qu'une seule fois, se déplaçant avec la plus grande attention et prenant appui sur ses mains quand il en avait besoin. Preuve que de sa première sortie en montagne, Vlad avait retenu la leçon la plus importante: la montagne est ton copain, tant que tu lui montres ton amour et ton respect. Cela signifie apprendre à y marcher, savoir où et comment poser ses pieds, prendre appui et faire des prises correctement. Ne pas lui montrer de respect, c'est s'exposer à une punition tôt ou tard.

Et la chance nous a accompagnés jusqu’à la fin: nous terminons notre trajet, montons en voiture et arrivons à notre logement. Peu de temps après, la pluie se déchaîne et nous observons depuis notre fenêtre le pic Frumezan cerné par des nuages.

Épilogue

Il y a quelques jours, deux ans plus tard, je disais à Vlad que j'avais l'intention d'écrire l'histoire de sa première randonnée dans les Alpes. l m'a demandé de raconter comment nous avions marché au bord d'un lac, admiré des bouquetins, puis atteint un col d'où nous avions longuement contemplé les montagnes et leurs sommets majestueux. Il avait oublié les noms, mais les images étaient restées gravées à jamais dans son esprit, dans son âme.