SOUS LE MANTEAU DE TIA: CROISIÈRE SUR LE LAC TAUPŌ
- angelogeorge988
- 1 nov.
- 8 min de lecture
Le lac Taupō s'étend comme une mer intérieure au cœur de l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande. C'est le plus grand lac d'eau douce de l'hémisphère sud, avec une superficie de 616 km² et une profondeur pouvant atteindre 186 mètres. Il est né d'un cataclysme: une éruption volcanique gigantesque survenue il y a environ 26 500 ans, lorsque le ciel s'est assombri et que la terre a été redessinée par le feu et les cendres.

L'article que vous allez lire vous emmènera en croisière sur les eaux calmes et mystérieuses de ce lac merveilleux, où les reflets du ciel se confondent avec les nuances émeraude des rives. Chaque vague semble murmurer des histoires anciennes et la brise souffle comme une douce mélodie qui caresse l'âme du voyageur, tissant une symphonie de calme et de beauté. Pour approfondir l'expérience, regardez la vidéo en fin d'article. Elle se termine par une histoire qui restera gravée dans votre cœur.

Le cratère volcanique immense laissé derrière lui s'est lentement rempli d'eaux claires provenant des pentes de la région, mais aussi grâce à l'apport constant de la rivière Waikato, la plus longue de Nouvelle-Zélande. Ensemble, ils donnent vie à ce lac qui semble parfois plus proche du mythe que de la réalité.

Ce n'est pas un hasard si le grand écrivain Jules Verne l'a intégrée à son œuvre comme une géographie de rêve et d'aventure. Cela montre que la grandeur de Taupō dépassait déjà les frontières de la Nouvelle-Zélande pour s'inscrire dans l'imaginaire universel. Voici comment il parlait de lac Taupō: «Une dépression insondable, longue de vingt-cinq milles et large de vingt, s'était formée un jour, bien avant les temps historiques, par l'effondrement des cavernes au milieu de la lave trachytique du centre de l'île. Les eaux s'écoulant des sommets voisins se sont engouffrées dans cette énorme cavité. La dépression est devenue un lac, mais elle est restée un gouffre et les sondes ne sont toujours pas parvenues à en atteindre le fond. Tel est le lac Taupo, situé à 1 250 pieds au-dessus du niveau de la mer et dominé par une chaîne de montagnes de 800 mètres d'altitude. À l'ouest, des montagnes rocheuses très élevées; au nord, quelques sommets isolés et couverts de forêts; à l'est, une vaste plaine riche en calcaire et sillonnée par une route, qui brille sous les branches des buissons; au sud, des cônes volcaniques derrière un premier plan de forêts: tout cela encadre majestueusement le lac, dont les terribles tempêtes sont comparables aux cyclones de l'océan.» Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1867.

Cette première éruption volcanique, l'une des plus célèbres, a projeté dans les airs des nuages de cendres qui ont assombri le ciel jusqu'en Asie et en Europe. Plusieurs siècles plus tard, vers 180 après J.-C., une autre éruption, si puissante qu'elle fut mentionnée dans les chroniques chinoises et romaines, se produisit. Celle-ci a remodelé le paysage et enveloppé le lac d'une aura de mystère, le transformant en un lieu de légendes immortelles.

Et encore une fois, le grand Jules Verne: «Toute cette région bouillonne comme un immense chaudron suspendu au-dessus de flammes souterraines. La terre tremble sous l'action du feu central. De la vapeur chaude jaillit à certains endroits. La croûte terrestre se fissure bruyamment, telle une pâte à gâteau trop pressée, et le plateau s'effondrerait sans doute dans un four incandescent si la vapeur emprisonnée ne trouvait pas d'issue par les cratères du mont Tongariro, à douze miles de là.» - Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1867.

Son nom Māori est Taupō-nui-a-Tia. Pour eux, il est bien plus qu'un simple lac: c'est un ancêtre endormi, une présence vivante qui palpite sous ses eaux bleues et profondes. Ce nom peut être traduit par «la grande cape de Tia», en référence à l'explorateur polynésien qui a découvert ces terres et laissé son empreinte sur le territoire. Selon les mythes locaux, le lac est gardé par des taniwha, des créatures mi-poissons, mi-esprits, qui protègent les eaux et peuvent punir ceux qui ne respectent pas le caractère sacré du lieu.

Certains îlots, cachés dans les profondeurs, étaient considérés comme les demeures des divinités du lac. Les vagues et les courants imprévisibles étaient interprétés comme des manifestations de leur puissance. Chaque falaise de lave et chaque plage de sable volcanique recèle des histoires transmises de génération en génération: des héros traversant le lac dans des canoës sacrés aux guerriers défendant le territoire contre les intrus. Même les sources thermales des rives sont considérées comme des lieux sacrés: l'eau chaude est un don des esprits et de la terre, utilisé pour la guérison et la purification. Taupō n'est pas seulement un lieu géographique, c'est un monde vivant où l'histoire, la géologie et la mythologie s'entremêlent et où chaque vague, chaque profondeur et chaque rocher portent l'écho des légendes Māori.

Nous découvrons le lac en montant à bord de l'Ernest Kemp, un navire d'époque qui glisse tranquillement le long des côtes. Dans le calme de l'eau, Taupō se dévoile comme un livre ouvert et les parois rocheuses laissent apparaître des couches de feu pétrifié, vestiges silencieux d'éruptions préhistoriques. Le vent souffle doucement et les reflets du soleil dansent à la surface de l'eau, transformant chaque vague en un fil conducteur.

L'expérience est enrichie par le capitaine et guide Peter ainsi que par l'accompagnatrice Sascha. Pendant plus de deux heures de croisière, ils nous font découvrir les légendes du lac, l'histoire des éruptions et les secrets de chaque îlot et rocher. Chaque histoire et chaque détail transforment ce voyage en une véritable détente pour l'esprit et l'âme, et le temps semble s'écouler plus lentement sur les eaux sacrées de Taupō.

Sur le pont, le capitaine Peter nous raconte comment le lac imprègne l'imaginaire collectif. Je repense alors aux voyages fascinants du grand écrivain français Jules Verne, qui, dans son roman «Les Enfants du capitaine Grant» (1867), décrit ce lac merveilleux, impressionné par sa taille et son aura mystérieuse. Pour les lecteurs européens du XIXe Taupō était beaucoup plus qu'une simple étendue d'eau: c'est une fenêtre sur l'inconnu, un lieu épargné par les explorations systématiques, un symbole de l'exotisme et du rêve romantique.

Au loin, les monts Ruapehu, Tongariro et Ngauruhoe s'élèvent tels des dieux de glace veillant sur le lac. Le vent souffle, apportant l'odeur de l'eau froide et de la pierre humide, tandis que les vagues courtes viennent frapper la vieille coque de l'Ernest Kemp. Elles nous rappellent subtilement la force latente qui pulse dans les profondeurs. Le lac semble être un organisme vivant, plein d'énergie et de mystère, dont chaque vibration de l'eau évoque son passé volcanique et les légendes qui l'entourent depuis des siècles.

Et encore une fois Jules Verne qui poursuit le récit des aventures de ses voyageurs imaginaires sur les eaux de Taupō: «Depuis la rive nord, le volcan semblait enveloppé de fumée et de flammes, au-dessus des petites montagnes. Tongariro semblait faire partie d'un système orographique assez compliqué. Derrière, le mont Ruapehu, isolé dans la plaine, s'élevait à neuf mille pieds dans les airs, sa cime perdue dans les nuages. Aucun mortel n'avait jamais posé le pied sur son sommet inaccessible et aucun œil humain n'avait jamais contemplé les profondeurs de son cratère.» Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1867.

Lorsque le navire d'Ernest Kemp vire vers le rivage, nous restons sur le pont, laissant le vent froid apporter les dernières ombres des sculptures Māoris. Ces visages géants, sculptés directement dans la roche volcanique, représentent des ancêtres, des dieux et des héros légendaires, chacun doté de traits expressifs et de symboles sacrés. Ce sont des histoires gravées dans la pierre, chaque ligne évoquant le courage, la protection et le lien profond des Māoris avec le lac et la terre. L'atmosphère est à la fois calme et solennelle, comme si ces visages veillaient encore sur nous, gardant la mémoire et les légendes du lieu.

En 1976, alors qu'il pagayait près d'une niche rocheuse du lac Taupō, Matahi Brightwell, sculpteur traditionnel formé au marae, a eu une vision: un visage tatoué qui semblait sortir des profondeurs du temps. Sa grand-mère, Te Huatahi Susie Gilbert, appartenant aux tribus des Ngati Rauhoto, Ngati Tuwharetoa, Ngati Maiotaki et Ngati Whakaue, lui avait demandé de donner vie à son ancêtre, Ngatoroirangi, sur un arbre totara, afin de lier la famille à la terre sacrée dans un pacte éternel. Mais une fois arrivé à Taupō, l'arbre avait disparu. À la recherche d'inspiration, il a pris son canoë et s'est mis à naviguer, laissant le vent et les reflets du soleil guider ses mains et ses pensées.

La niche rocheuse de Mine Bay est ainsi devenue la toile du destin. Quatre ans plus tard, en 1980, une équipe de quatre artistes (Jono Randell, Te Miringa Hohaia, Dave Hegglun et Steve Myhre) dirigée par Matahi a donné vie à la roche en sculptant un Ngatoroirangi qui semblait contempler l'horizon éternel. Vêtus simplement d'un slip de bain et de lunettes de protection, les artistes ont d'abord tracé les contours à la craie et à l'aide de ficelles, puis ont modelé la sculpture à la main, laissant vibrer chaque touche de l'énergie du lac et des temps passés. Autour de Ngatoroirangi, les visages des ancêtres et des gardiens, les tupuna et les kaitiaki, apparaissent comme des ombres vivantes, veillant sur les histoires de la tribu maorie locale. Chaque ligne, chaque ride, chaque regard sculpté dans la pierre porte en lui l'écho de l'aventure, de l'eau et du temps. Un voyage dans le passé qui reste toujours vivant pour ceux qui prennent le temps de regarder.

Lucas et Victoria, mes enfants, regardent attentivement vers le rivage, avec la même curiosité qui les pousse toujours à chercher l'histoire cachée derrière les paysages. Devant les sculptures, le passé et le présent se confondent et les légendes Maories prennent vie dans chaque ride et chaque regard gravés dans la roche. Tous deux sont fascinés par l'énorme lézard dont le corps se perd dans les eaux sombres du lac, une présence mythique qui vibre de l'énergie du lieu.

Et ce n'est pas tout ! Leur enthousiasme atteint son paroxysme lorsque, sous le regard bienveillant et pétillant du capitaine Peter, ils sont chargés de diriger le navire vers le rivage. Lucas et Victoria se glissent à la barre, tels de courageux pirates de contes, serrant le volant de toutes leurs petites forces. Ernest Kemp, avec son chapeau un peu trop grand sur la tête et les yeux écarquillés d'étonnement, fend les vagues avec grâce, tandis que les éclaboussures d'eau dansent comme de petites sirènes autour de lui. Chaque instant est une aventure et chaque vague semble rire avec eux, leur donnant l'impression que le monde entier est un royaume magique qui leur appartient.

Notre guide poursuit en expliquant que la région de Taupō est bien plus que le royaume des légendes et des éruptions volcaniques: c'est aussi un lieu où les eaux recèlent des trésors vivants. Elle est mondialement connue pour la pêche à la truite, que ce soit sur le lac Taupō ou dans les rivières qui l'alimentent. La rivière Tongariro, avec ses courants rapides et limpides, est particulièrement réputée pour ses truites arc-en-ciel et brunes qui scintillent au soleil comme des joyaux vivants. Nous apprenons que la première truite pêchée dans cette région, en avril 1904, pesait 1,36 kg.

Nous naviguons lentement le long du rivage, découvrant des criques cachées et des plages de sable volcanique parsemées de pierres noires brillantes. Le vent souffle doucement et les reflets du soleil dansent sur l'eau, transformant chaque vague en un éclat éphémère. Les oiseaux aquatiques, tels que les canards et les cormorans, se retirent tranquillement derrière nous, nous laissant seuls avec la légende du lac. Finalement, le bateau Ernest Kemp atteint le point d'arrivée de la croisière et accoste gracieusement dans le petit port.

Ici aussi, les cygnes noirs attendent sagement, flottant paresseusement sur l'eau, complétant l'image d'un monde où le temps s'écoule différemment, comme dans un conte ancien écrit par la nature et préservé avec respect par les habitants.

Taupō est bien plus qu'un simple lac. C'est un lieu où la géologie, la mythologie, l'histoire et la littérature se rencontrent, et où chaque visiteur se sent partie intégrante d'une histoire qui traverse les millénaires.

Dans ses eaux profondes, ses formes sculptées et les reflets du soleil, le lac Taupō préserve la magie du passé et la promesse de l'aventure. Il offre à chaque voyageur une expérience qui reste vivante longtemps après le départ du bateau.




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