FRANCE: CHÂTEAU D‘USSÉ ET LA BELLE AU BOIS DORMANT

C’est un château digne d’un conte de fées. C’est précisément ce qui s’est passé: la légende nous raconte que c’est en pensant à ce château que Charles Perrault a écrit sa merveilleuse conté de la ‘Belle au bois dormant’. Nous l’avons découvert en 2014 et redécouvert en 2020. Voici notre histoire.

La découverte

Je suis en balade à vélo avec mes enfants, Radu et Vlad, âgés de 14 et 7 ans, respectivement. Nous suivons le fleuve Loire pour visiter les célèbres châteaux qui bordent son cours. La veille, nous avions vu le château d'Azay-le-Rideau et maintenant, nous sommes en route vers l'Abbaye royale de Fontevraud. Comme notre itinéraire empruntait la D16 en passant par Rigny-Ussé, nous avons pensé pouvoir visiter rapidement le château du coin avant de partir vers notre destination. Nous pédalons donc tranquillement quand il commence à apparaître au loin devant nos yeux. Même à plus d'un kilomètre de distance, le château semble beaucoup plus majestueux que ce que nous pensions et se dévoile petit à petit ; en nous approchant, nous comprenons qu'il s'agit d'une pure merveille architecturale. Une fois arrivés près de lui, nous sommes ébahis par ce qu'il nous montre.

Changer le plan

En LE voyant, nous avons décidé de changer notre plan de route, car IL méritait une visite plus approfondie. Nous allons donc rester et partir demain pour continuer notre voyage. On trouve le camping en ville et on y s’installe pour la journée. Nous nous rafraîchissons et mangeons, puis prenons un peu de repos pour récupérer nos forces – nous voulons aller le visiter en étant au sommet de nos capacités. Pour bien profiter de ce chateau qui nous apparaisse comme magnifique. Et que la visite commence!

L’histoire du château

Il est situé aux abords de la forêt de Chinon, près de l'Indre, un affluent de la Loire. Le lieu était habité dès l'Antiquité et se trouvait sur une importante route commerciale. Il permettait de contrôler cette dernière, mais aussi la navigation sur l'Indre et la Loire. Vers 1040, Gelduin Ier, seigneur du coin, a donc fait construire un premier château fort (ou forteresse) ; au fil du temps, celui-ci a été renforcé. Vers la fin de la guerre de Cent Ans, Jean V de Bueil, compagnon de Jeanne d'Arc et surnommé le ‘Fléau des Anglais’, a commencé à faire construire le château actuel, moins orienté vers la défense que vers une résidence de plaisance. Toutefois, au XVéme siècle, l’accès au château continuait à se faire par un pont-levis qui franchissait les fosses. Aujourd'hui, les fosses sont toujours présentes, mais le pont-levis a été remplacé par un magnifique et bien entretenu pont en bois.

Le jardin "à la française"

Au XVIᵉ siècle, le corps central du château et une partie de l’aile droite sont construits. À partir du XVIIᵉ siècle, son caractère de résidence de plaisir est clairement établi avec la construction d’un charmant pavillon et du jardin dessiné par André Le Nôtre, célèbre jardinier français et créateur du jardin ‘à la française‘. Par la suite, il devient un château Renaissance raffiné, s’ajoutant ainsi à la liste des châteaux du Val de Loire.

Les terrasses de Vauban

Par la suite, il devient un château Renaissance raffiné, s’ajoutant ainsi à la liste des châteaux du Val de Loire. Il faut également mentionner les terrasses projetées par Vauban, qui viennent accentuer la beauté du lieu. Au fil des siècles suivants, de nombreuses améliorations lui sont apportées par ceux qui en ont été les propriétaires à un moment ou à un autre.

Familie Blacas

Le château est entré dans le patrimoine de cette famille environ 200 ans auparavant ; ses membres se sont toujours investis dans la vie locale et même au-delà. Pendant l’Occupation allemande, le château a abrité une partie de la Bibliothèque Nationale de France et du Bibliothèque du Senat. Dans le même temps, Pierre de Blacas d’Aulps de La Baume-Pluvinel, comte de Blacas, le propriétaire du château, avait fait de nombreuses démarches auprès des autorités françaises et allemandes pour que le château et ses caves ne soient pas réquisitionnés pour l’usage de l’armée allemande. Plus tard, cela a permis de faire comprendre aux Alliés que le château ne représentait aucun danger pour leurs troupes et qu'il n'était pas nécessaire qu'il soit pris pour cible et bombardé. Après la guerre, le château est ouvert au public; étant donné que le propriétaire y réside, une partie reste néanmoins privée. Les revenus du château sont utilisés pour financer des travaux de conservation et de rénovation, et les résultats sont clairement visibles dans son état général qui demeure bonne.

L’intérieur du château

On y trouve le hall d’entrée, où sont exposées plusieurs maquettes représentant le château à différents stades de développement, ainsi que la salle des gardes qui abrite aujourd’hui une collection d’armes. Il y a aussi le salon Vauban avec une très belle pièce: le cabinet italien en ébène qui aurait été utilisé par Vauban lui-même quand il travaillait sur les terrasses du château. Nous poursuivons la visite et découvrons l’ancienne cuisine ainsi que le grand escalier qui mène à l'étage où se trouvent, entre autres,  l’antichambre et la ‘Chambre du Roi’. Tous les châteaux de la Vallée de la Loire doivent en posséder une, au cas où le Roi passerait par là pour être accueilli. Remarquons aussi la Grande Galerie et ses tapisseries des XVIᵉ et XVIIᵉ siècles.

Le donjon

Et on arrive très vite au donjon qui, en régle generale, détenait une place importante pour un château. Il est plus fortifié que le reste du château tout en étant le point le plus haut de celui-ci. Dans le cas des châteaux forts, le donjon servait de poste d'observation et de tir contre les assaillants; au cas où le reste du château serait tombé, les derniers défenseurs se réfugiaient ici pour continuer à résister, espérant soit qu'une force extérieure parviendrait à les aider à repousser l'ennemi, soit que celui-ci se trouverait épuisé par le combat et renoncerait.

Châteaux-palais

Comme l'époque des châteaux forts dans l'intérieur de la France commence à s'estomper au XVéme siecle, leur place est prise par des châteaux résidences de plaisir. Ce nouveau type de château conserve généralement le donjon, pour permettre aux visiteurs de profiter des belles vues (et pour d’autres raisons plus pratiques aussi). Le château d’Usée a bien sûr son donjon qui sert principalement à étayer le conte de La Belle au Bois Dormant. 

La Belle au bois dormant

La légende nous dit que Charles Perrault a écrit ‘La Belle au bois dormant’ après avoir visité le château, son donjon et la forêt avoisinante, et avoir été inspiré par eux. Même s'il n'existe aucune trace d'une telle visite, de nombreux éléments de l'histoire nous font penser que le Château d'Usée est réellement le château de la Belle au bois dormant. Et, à l’intérieur du donjon, plusieurs chambres ont été aménagées pour illustrer cette belle histoire. Donc, en tête avec Radu et Vlad, émus, nous avons parcouru le donjon, les étoiles dans les yeux, et nous avons été émerveillés en regardant le déroulement de l'histoire. En passant, ignorez les discussions à propos du soi-disant ‘manque de consentement pour le baiser donné à la Princesse (les idiots sont légion) et redevenez, l'espace d'un instant, les enfants qui ont écouté ou vu pour la première fois cette histoire.

Continuons la visite

Étant encore sous l’emprise des émotions, nous sommes descendus dans la cour du château et visités les caves utilisées pour préparer et déposer le vin.

A la chapelle

Ainsi que la Collégiale Notre-Dame, qui servait de chapelle. Remarquons que les murs de celle-ci sont vides de leurs peintures, ayant été enlevées pendant la Révolution française. Et nous finissons notre visite de 2014 par une balade prolongée autour de chateau et dans son jardin.

Une fin... sans fin ?

Mais oui, car les souvenirs de cette journée ont été tellement forts qu’en juillet 2020, j’y suis revenu avec ma femme. Et cette visite a eu des effets très bénéfiques sur notre santé mentale, gravement impactée par le premier confinement pour cause de Covid - 19.

Pour elle, la rencontre avec le château et ses jardins a été une très belle découverte; pour moi, ça a été comme les retrouvailles avec un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps. Et, avec la surprise supplémentaire que depuis ma première visite en 2014, le grenier a été magnifiquement rénové. Je me demande quel autre beau surprise nous attendra la prochaine fois où nous irons visiter LE CHATEAU (ce qui ne devrait pas tarder, c'est certain).